Commando - Mark L. Lester : Tribute to Bennett (1985)

Que sait-on finalement du capitaine Bennett ? Peu de choses. Des bribes. A nous de les recomposer et de rendre un hommage appuyé à cet homme dont la réputation fut ternie par un ex-allemand de l'Est, à la solde de l'impérialisme nord-américain, un colonel des Forces spéciales à la retraite connu sous le nom d'emprunt de John Matrix.

Resté à jamais gravé dans la mémoire des fans de gilet en cotte de mailles, Bennett, dont l'extrême modestie le poussa à ne jamais divulguer son prénom, souffre d'un procès d'intention qui a bien trop duré depuis plus de trois décennies. Il était temps de mettre en lumière, et avec une objectivité certaine, les qualités mais également les coups bas reçus par cet héroïque soldat, qui rappelons le, n'avait pas besoin d'arme à feu pour battre ses ennemis. 

Rappel des faits. Expulsé par Matrix de son unité au cours d'une périlleuse mission à Val Verde, dont le dessein était de destituer le bon président Arius au profit du fantoche et servile Velásquez, Bennett n'eut pas droit à une retraite dorée pour services rendus à la nation. Pire. Professionnel et passionné par son travail, le capitaine Bennett ne récolta qu'incompréhension et jalousie auprès de ses supérieurs. Rendu à la ville civile, notre homme entama une nouvelle carrière. Désormais marin pêcheur, propriétaire d'un modeste bateau, Bennett attendait patiemment que la destinée lui offre une seconde chance en la personne du président destitué Arius.
 
  
Parmi les griefs retenus contre lui, il est souvent souligné sa supposée soif de vengeance. Grave erreur de jugement, il s'agit davantage le besoin de réparer une injustice, quand bien même pour se faire il faudra kidnapper la fille de son ancien colonel pour lui faire admettre ses anciens torts. Bennett corrompu ? Au contraire, c'est un homme de conviction, refusant même les cent mille dollars que lui proposait Arius. Enfin, passé maître dans le maniement du poignard, si celui-ci accuse une légère méforme au niveau de la silhouette, il peut toutefois compter sur son intelligence et son sens aiguë de la stratégie : "j'ai un atout maître. J'ai sa fille".
   
Malheureusement, non content de mal supporter le poids des années "tu te fais vieux, John", Matrix est également adepte de méthodes expéditives. La mission était pourtant simple. Il suffisait d'éliminer Velásquez à Val Verde, et sa fille Jenny lui serait rendue saine et sauve. Las. Mauvais compétiteur et tricheur, le colonel prit en otage une hôtesse de l'air afin de se jouer de Sully, avant de revenir sur sa parole et de le supprimer lâchement "J'avais promis de te tuer en dernier, non ? J'ai menti". Ajoutons à cela, sa jalousie maladive, contrarié par sa rupture avec Bennett, Matrix prend désormais un malin plaisir à détruire les amitiés viriles : adieu Sully, adieu Henriques (alors que ce dernier s'était justement proposé pour lui tenir compagnie pour le vol Los Angeles/Val Verde). Quelle ingratitude. Une cinquantaine de morts plus tard, feat. faux soldats moustachus mais vrais patriotes aimant trancher les gorges des petites filles comme du beurre chaud, trampolines cachés et destruction de maquettes en balsa, Matrix retrouvait finalement son Bennett "Bienvenue, John. Content que tu sois au rendez-vous". Or, les dés étaient pipés. La suite était prévisible et programmée en trois actes.

    

Acte I : remettre en cause la virilité de Bennett [1] "Jette ton arme, trouillard". Le piège était tendu. Matrix et son trio de scénaristes n'avaient plus qu'à récolter leur fruit. Acte II : lui promettre moult plaisir lorsque son couteau s'enfoncerait dans la chair de Matrix. Acte III : lui faire perdre son atout maître et son pistolet "J'ai pas besoin de ta fille. Pas besoin d'une arme non plus, John". Épilogue : une cruelle tragédie s'abat sous nos yeux impuissants. Le combat loyal tant espéré n'est qu'une illusion et une supercherie, car, malgré la dextérité de notre héros et sa capacité à supporter les électrocutions, c'était sans compter, une fois de plus, sur la ruse malsaine de ce suppôt Reaganien. Bennett était condamné à mourir. "Crache ta vapeur" furent ainsi les derniers mots plein de morgue et d'arrogance qu'il entendit. Dégueulasse. C'était pas non plus sa guerre.

En bonus : Quelques gifs de Bennett sur notre tumblr.

Verdict du Nanarotron : 


Commando | 1985 | 92 min
Réalisation : Mark L. Lester
Production : Joel Silver
Scénario : Steven E. de Souza d'après une histoire de Jeph Loeb, Matthew Weisman & Steven E. de Souza
Avec : Arnold Schwarzenegger, Rae Dawn Chong, Dan Hedaya, Vernon Wells, Alyssa Milano
Musique : James Horner
Directeur de la photographie : Matthew F. Leonetti
Montage : Glenn Farr, Mark Goldblatt & John F. Link
 ________________________________________________________________________________________________ 

[1] Sa nouvelle apparence vestimentaire, sa moustache, son pantalon en cuir et son gilet en maille, n'étant pas du goût de son ex-capitaine.

3 commentaires:

  1. La meilleure chronique de la blogosphère ^^

    RépondreSupprimer
  2. Oui, il faut réhabiliter le père Bennett ! Vernon Wells s'amuse comme un p'tit fou dans les frusques improbables de ce méchant d'anthologie (les punchlines fusent dans tous les sens, mais t'inquiète, je ne vais pas te les refaire ici :). Dans ce registre, il était déjà génial dans Mad Max 2 !

    RépondreSupprimer
  3. Et la carrière de l'ami Wells ne s'est jamais arrêtée depuis ! :-)

    RépondreSupprimer