Live report : Rabih Abou-Khalil au New Morning Paris - 12 novembre 2013

C'est sous un triste ciel pluvieux que le musicien Rabih Abou-Khalil est venu défendre mardi soir son dernier album Hungry People, premier disque signé sur le label World Village après plus de deux décennies sur le label munichois Enja Records. A charge pour le jovial libanais et sa formation de réchauffer le cœur du public parisien refroidi par cette météo automnale. Bilan de la soirée : mission accomplie, haut la main.

Entouré d'un « quintet méditerranéen » aguerri, avec des musiciens qui accompagnent le joueur d'oud depuis plus de dix ans, dont Michel Godard au tuba et à la basse électrique, camarade de route depuis The Sultan's Picnic en 1994, Rabih Abou-Khalil a offert une prestation complète. Scindé en deux sets de quarante-cinq minutes environ, avec deux rappels en sus, le concert fit la part belle à Hungry People.

 

Fort d'une cohésion et d'une richesse trouvant sa source dans le multiculturalisme de la formation (un leader et joueur d'oud libanais, un joueur de tuba et bassiste français, un accordéoniste italien, un saxophoniste sarde et un batteur étasunien), le public du New Morning put ainsi à loisir apprécier ce jazz métissé aux influences multiples et variés.

Porté par une bonhommie et un humour communicatif, Rabih Abou-Khalil présenta ainsi la plupart des morceaux par une anecdote cocasse ou fantaisiste : Shaving is Boring, Waxing is Painful ou quand l'épilation devient le premier dénominateur commun de l'humanité, l'hymne à la gastronomie anglaise Fish and Chips and Mushy Peas, ou encore Shrilling Chicken la supposée fable du croisé préférant l'aviculture à la croisade en Terre Sainte pour les beaux yeux d'une Maltaise.

Lyrique, mélodique et passionnée, la musique proposée par le quintet brilla ce soir là autant par sa puissance que par son dépouillement intimiste, à l'instar de l’enchaînement entre le bouillant Rabou-Abou-Kabou issu de Blue Camel (1992) et le dramatique Dreams of a Dying City issu du dernier album. Pouvant s'appuyer sur des membres maîtres de leur art, tels l'accordéoniste Luciano Biondini ou le saxophoniste et chanteur Gavino Murgia (sa belle voix grave et âpre prenant racine dans la musique traditionnelle sarde), le quintet d'Abou-Khalil se révéla être finalement la synthèse et la quintessence d'un esprit méditerranéen humaniste.


Rabih Abou-Khalil quintet
Rabih Abou-Khalil (Oud)
Luciano Biondini (Accordéon)
Jarrod Cagwin (Batterie et percussions)
Michel Godard (Tuba, Basse électrique)
Gavino Murgia (Saxophone,Voix)

 


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