Entrails of a Virgin / Entrails of a beautiful woman - Kazuo Komizu (1986)


Un passé récent nous avait démontré, si besoin est, que le cinéma d'exploitation japonais n'avait rien à envier à ses comparses italiens ou étasunien, et ceci bien au-delà des kaiju qui firent la renommée internationale de la Toho. Le bien nommé The Glamorous Life of Sachiko Hanai avait ainsi remémoré au préposé docteur le goût nippon pour les univers foutraques et le mélange des genres. En somme, une judicieuse piqûre de rappel tant la culture Bis endémique de l'archipel se veut des plus riches : du film de samouraïs aux yakuzas, du pinku à ses variantes plus extrêmes SM, etc. 

Remarqué à ses débuts en tant que scénariste du pinku dramatique Vierge violée cherche étudiant révolté (Yuke yuke nidome no shojo) en 1969, le cinéaste Kazuo Komizu attendit finalement le milieu de la décennie 1980 pour réaliser ses deux premiers films Entrails of a Virgin (Shojo no harawata) et Entrails of a beautiful woman (Bijo no harawata) en 1986. Deux longs métrages devenus cultes grâce, ou plutôt à cause, de leurs scènes mariant sexe et gore. Profitant du succès du genre slasher qui faisait à l'époque les beaux jours du cinéma d'horreur mondial, Komizu décida d'incorporer, au sens propre comme au sens figuré, un peu de sang frais aux habituelles productions crapoteuses softcore nippones.

Sorti en premier, Entrails of a Virgin narre les mésaventures sanglantes d'un groupe de jeunes mannequins et de photographes libidineux. Après une séance de shooting en pleine nature, l'équipe se perd dans la nuit brumeuse et trouve refuge dans une maison abandonnée. Tandis que les mâles se laissent envahir par leur pulsion et leur besoin d'assouvir leur domination sexuelle, un être surnaturel apparaît et commence à tuer les protagonistes ayant le malheur de croiser son chemin.
  
  

Malsaines, glauques et misogynes, les scènes érotiques sous l'œil complaisant de son réalisateur remplissent a minima le cahier des charges initial ; les scènes les plus explicites ayant quant à elles droit au floutage réglementaire. Les apparitions létales de la créature attribuée d'un membre viril disproportionné, dont elle saura user avec soin, sont à l'image du reste : cheap et grotesquement gore. Croisement improbable entre, au hasard, Vendredi 13 et le fameux Porno Holocaust de Joe D'AmatoEntrails of a Virgin marque au mieux les esprits par ses quelques scènes insolites, gore et extrêmes (un match de catch improvisé, une masturbation inédite et un fist sanglant...), le reste étant loin d'atteindre un niveau acceptable, la nuit ayant l'avantage certain d'offrir au mieux une atmosphère, au pire de cacher la misère. En dépit d'un croisement déviant des genres potentiellement intéressant, la mise en scène de Komizu souffre clairement de son manque d'implication ou d'inspiration pour transcender ce genre hybride.

A ne conseiller qu'aux plus curieux.



Entrails of a beautiful woman, bien que n'étant pas une véritable suite du précédent film, s'en inspire fortement. Pire, si l'histoire de cette fausse séquelle évoque certains ressorts, ou plutôt certaines entrailles récemment décrites, ce deuxième chapitre en reprend surtout les mêmes défauts, mais de manière encore plus appuyée. Le premier tiers s'attarde sur l'histoire sordide d'une vierge kidnappée par des yakuzas, dealer d'Angel Rain, dans le but de la vendre en Afrique comme esclave sexuelle. Celle-ci réussit à s'échapper et meurt quelque temps plus tard dans un cabinet médical. La femme témoin de cette mort décide d'investiguer et de retrouver les responsables. De nouveau, cette dernière subit les assauts sexués des malfrats avant de succomber à une overdose. Mais cette fois-ci, l'Angel Rain provoque une transformation métaphysique chez cette jeune femme : elle devient un mutant hermaphrodite assoiffé de vengeance...

  

Comme énoncé plus haut, ce deuxième volet se veut plus jusqu'au-boutiste que l'antérieur Shojo no harawata et traduit un genre bisseux qu'on pourrait résumer de la sorte : rape 'n' gore. Au plus courageux de supporter les cinquante premières minutes et son accumulation de scènes de viol. Une très longue introduction s'inscrivant pleinement dans la nauséabonde rapesploitation, avant de verser dans un gore débridé et fauché. Trop tard. Si des regrets semblent exagérés, la faute à ce pénible et interminable préambule, Komizu réussit néanmoins en vingt minutes à inclure des scènes qui resteront gravées longtemps en mémoire : dont un hommage explicite à la créature créée par H.R. Giger et enfin un étonnant étouffement glairo-vaginal.

En attendant (ou pas) le dernier volet de la trilogie : Female Inquisitor - Rusted Body: Guts of a Virgin 3 (Gômon kifujin) l'année suivante.

A ne conseiller qu'aux plus endurants.



Entrails of a Virgin / Entrails of a beautiful woman | 1986 |  72 min / 68 min
Réalisation : Kazuo 'Gaira' Komizu    
Scénario : Kazuo 'Gaira' Komizu    
Directeur de la photographie : Akihiro Itô / Eiichi Ôsawa
Montage : Kan Suzuki / Jun'ichi Kikuchi

2 commentaires:

  1. De bien belles soirées en perspective pour amateurs de cinéma plus que déviant...

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