Des diamants pour l'enfer (Women Behind Bars) - Rick Deconnink (1975)

Nouvelle (et dernière ?) visite du préposé dans l'univers merveilleux du Women in Prison francien, Des diamants pour l'enfer signé par un énigmatique patronyme flamand Rick Deconnink (pour les besoins de cette co-production franco-belge) aura à l'instar de Frauen für Zellenblock 9 davantage marqué les esprits des prudes censeurs britanniques du BBFC (British Board of Film Censors) que le grand public. Grave erreur se targuera de souligner le cinéphile déviant tant ce Women Behind Bars apporte un éclairage original, à la fois sur l'oeuvre du cinéaste madrilène, et sur son association avec le producteur Daniel Lesoeur et Eurociné. Film de transition en attendant des lendemains encore plus excessifs avec l’helvète Erwin C. Dietrich, ce long métrage propose toutefois moult détails qui rassureront les amateurs du genre : production fauchée, jeunes femmes nues et tortionnaires sadiques en toc. A-t-on dès lors besoin d'ajouter la présence du duo francien, Lina Romay et Martine Stedil, pour convaincre les derniers récalcitrants ?

Quelque part en Amérique Centrale, trois hommes masqués, dont Perry Mendoza (Raymond Hardy), volent dans une jonque chinoise une valise contenant une grande quantité de diamants. Peu désireux de partager ce trésor, Mendoza abat froidement sur une plage ses comparses, puis part rejoindre sa petite amie, Shirley Fields (Lina Romay) dans leur nightclub. Découvrant la disparition des diamants de la mallette  la jeune femme tue à son tour son compagnon, et avoue dans l'instant son méfait à la police par téléphone (?!). Condamnée à six ans pour crime passionnel, Shirley est envoyée dans la prison dirigée par le colonel Carlo de Bries (Ronald Weiss). Rapidement accueillie par le directeur des lieux, celui-ci ayant eu vent des circonstances de la mort de Mendoza, de Bries n'a qu'un but : découvrir par tous les moyens nécessaires où les diamants ont été cachés. Il demande dans un premier temps à sa maîtresse, et détenue (interprétée par Martine Stedil), de sympathiser avec Shirley afin de lui soutirer des informations, tout en n'hésitant pas à passer à des méthodes plus coercitives si besoin. Pendant ce temps, Milton Warren (Roger Darton) qui travaille pour une compagnie d'assurances, cherche également la trace de ses précieuses pierres...

 

Comme énoncé en préambule, ce Women behind bars se démarque assez rapidement des autres WIP francien, du séminal L'amour dans les prisons des femmes (99 Women) au prochain Femmes en cage (Frauengefängnis) : point d'île perdue ou de jardin d'acclimatation faisant office de jungle luxuriante, juste une prison située en centre ville. Si dans l'esprit tous les éléments pré-cités sont présents, Franco semble néanmoins plus porté par la maigre intrigue policière [1] et par une mystérieuse dilatation temporelle du récit. Le réalisateur met ainsi à rude épreuve la patience du spectateur, lui intimant d'attendre pas moins de quarante minutes, soit la moitié du métrage pour voir apparaître (enfin) la première scène de torture (au fouet). Un supplice pour les nerfs, une saine lenteur vénéneuse, qu'il conviendra également d'apprécier avant la libération des corps des deux actrices, à l'instar de Roger Darton profitant de cette accalmie sensorielle pour boire et savourer la quiétude de sa chambre d'hôtel.

Tourné en partie dans les Alpes Maritimes et non en Amérique latine (les plaques d'immatriculation ne trompent pas), Des diamants pour l'enfer s'adresse avant tout aux habitués du style francien. L'amateur de gros plans et d'angles propices à satisfaire son voyeurisme saura dès lors trouver son bonheur : Lina Romay et Martine Stedil lui offrant matière à jouir de leur exhibition, et autres (trop brefs) instants de tendresse saphique. Seul regret, le format Cinémascope apporte peu [2], à l'exception (bien évidemment) des plans où ces demoiselles s'allongent nues sur leur lit de fortune [3].

 

Interdit sur le sol de la Perfide Albion pour ses deux scènes de tortures en toc, dont celle où Ronald Weiss fait goûter aux parties intimes de Lina Romay les joies de la fée électricité, Women Behind Bars [4] s'inscrit dans la série des films d'exploitation ayant bénéficié paradoxalement du manque de discernement d'une certaine censure. Film de prison pour femmes imparfait, Des diamants pour l'enfer est à conseiller principalement aux fans de Lina et Martine, et, bien entendu, aux boulimiques de sexploitation 70's.



Jesús Franco is Dirty Bill, le complice de Roger Darton


Des diamants pour l'enfer (Women Behind Bars) | 1975 | 80 min
Réalisation : Jesús Franco (Rick Deconnink)
Production : Daniel Lesoeur
Scénario et adaptation : R. Marceignac
Avec : Lina Romay, Martine Stedil, Roger Darton, Jesús Franco
Musique : Daniel White
Directeur de la photographie : Gérard Brisseau
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[1] Par contre pour la crédibilité de l'intrigue (et des lieux), vous êtes cordialement invités à ne pas trop y porter attention. Là n'est pas la question ou l'intérêt du film, faut-il le rappeler.

[2] Franco semble plus inspiré par le Cinémascope quand celui-ci lui sert d'écrin à ses récits les plus hallucinatoires et oniriques : Les inassouvies (Eugenie) ou Macumba Sexual au hasard.

[3] L'usage de couvertures étant strictement prohibé par le règlement intérieure.

[4] Connu également sous le titre allemand Frauengefängnis 3.

2 commentaires:

  1. Merci pour cette excellent review "Women Behind Bars" avec la belle Lina Romay qui pratiquement dans tous les films de Franco.

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    1. Et la belle et rare Martine Stedil, ne l'oublions pas !

      On notera au passage pour les fétichistes (enfin c'est l'ami de Tomblands qui l'a remarqué en premier) que la robe de Lina à la fin des Diamants apparaîtra plusieurs fois dans d'autres films de Franco portée cette fois-ci par Martine !

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