Erotic Nights of the Living Dead - Joe D'Amato (1980)

Parmi la pléthorique filmographie du célèbre mercenaire transalpin Aristide Massaccesi plus connu sous le nom de Joe D'Amato, il est une série que les amateurs de films déviants se doivent de connaitre : sa période Caribéenne dont Erotic Nights of the Living Dead (traduit en français par une triste nuit fantastique des morts-vivants) est un des plus sémillants représentants. Une année après son désormais culte Blue Holocaust, et en attendant une escale cannibale en mer Egée (Anthropophagous), le cinéaste Joe D'Amato eut en effet à loisir le temps de rentabiliser ses vacances et celles de son équipe lors d'un voyage en république dominicaine en réalisant dans la foulée pas moins de cinq films : Hard SensationExotic LoveSesso neroPorno Holocaust et donc Erotic Nights of the Living Dead. Il n'en fallait pas plus pour titiller la curiosité du préposé docteur...

Mais arrêtons-nous un moment. Qui d'autre que D'Amato pouvait avoir l'idée saugrenue de croiser deux genres aussi différents que prisés par le cinéma d’exploitation (italien) de l'époque : le film pornographique (voire érotique, bon nombre de longs métrages ayant droit à deux montages différents l'un soft et le second hardcore) et le film gore avec un goût prononcé pour le mort-vivant (Fulci ayant sorti depuis peu son fameux Zombi 2) ?

 La vie de marin vous offre quelques compensations si on en croit George Eastman et Dirce Funari

Larry O'Hara (George Eastman) loue ses services et son bateau aux hommes d'affaire de passage qui aimeraient voguer sur la mer des Caraïbes et découvrir les divers délices qu'offrent ses reflets turquoises. Au cours d'une halte, celui-ci fait la connaissance de John Wilson (Mark Shannon en mode Thomas Magnum look-a-like [1]) et de Fiona (Dirce Funari), sa petite-amie de la veille au soir  [2]. Le trio part vers "l'île du chat" où notre businessman étasunien souhaite bâtir un hôtel de luxe en dépit des avertissements d'un couple d'autochtones, la mystérieuse Luna (Laura Gemser) accompagnée de son grand-père ; car l'île est hantée de zombies rodant la nuit à l'ombre des cocotiers...


Autant l'avouer sans ambages, le croisement tant attendu d'érotisme et de gore façon steak tartare n'atteindra jamais les promesses que laissaient présager (voire espérer) le titre anglais [3]. Le scénario écrit par George Eastman n'est à ce titre en rien une synthèse des deux genres pré-cités mais, au contraire, une simple superposition accumulant les déceptions. Ce film de près de deux heures (?!) est ainsi scindé finalement en deux parties distinctes, la première axée sur une accumulation de scènes de sexe plus ou moins explicites [4] et la dernière demi-heure faisant la part belle à des zombies amorphes. Or, si D'Amato avouait n'être que peu inspiré par l'horreur zombie, les (trop) nombreuses scènes de sexes répétitives ralentissent également un métrage qui n'en demandait pas tant en matière d'action mollassonne et bouche-trou (pouf pouf).

Paradoxalement et malgré les griefs pré-cités, le film garde néanmoins une atmosphère particulière appuyée par la musique de Marcello Giombini [5] et la photographie de sieur D'Amato (ce dernier revenant à ses premiers amours). Erotic Nights of the Living Dead porté par un massif George Eastman et des belles Dirce Funari et Laura Gemser arrive ainsi à aplanir quelque peu ces défauts rédhibitoires. Quant aux déviants alléchés par le titre du film et une émoustillante copulation post mortem, ceux-ci devront se satisfaire d'une fellation plutôt mordante...


A trop vouloir en faire, Joe D'Amato mange à tous les râteliers et rate le coche dans les grandes lignes. Sauvé in extremis par son trio d'acteurs et une dernière partie atmosphérique,  Le notti erotiche dei morti viventi aurait gagné à être amputé d'au moins une demi-heure [6].

A voir pour les plus curieux.



La nuit fantastique des morts-vivants (Le notti erotiche dei morti viventi) | 1980 | 104 min
Réalisation : Joe D'Amato
Scénario : George Eastman
Avec : Laura Gemser, George Eastman, Dirce Funari, Mark Shannon
Musique : Marcello Giombini
Directeur de la photographie : Joe D'Amato
Montage : Ornella Micheli
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[1]  Mais sans les chemises hawaïennes...

[2] Nos deux amants, voisins de chambré, se sont rencontrés juste après que John se soit offert une partie à trois avec deux prostitués dans sa chambre d'hôtel... hum...

[3] Connu aussi sous le nom de Sexy Nights of the Living Dead.

[4] Dont une mémorable scène dite de la bouteille de champagne...

[5] A qui on doit par exemple la musique d'Anthropophagous ou du Journal érotique d'une Thaïlandaise de Jean-Marie Pallardy.

[6] La version Uncut du métrage jouant dès lors et paradoxalement en la défaveur de ce dernier.

5 commentaires:

  1. Quelle déception ! En lisant le titre j'étais déjà tout émoustillé, finalement ça a l'air (encore) tout pourri comme film. Pfffffffiou :)

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    1. Oui Thom, c'est une déception, tout le potentiel éveillé par ce titre prometteur tombe à plat. Reste les deux actrices, George Eastman (qui a ses fans ^^) et... la scène de la bouteille de champagne :-D
      Cela dit de la part de D'Amato, on savait un peu où on mettait les pieds ^^

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  2. je crois que je préfère lire tes articles que voir les films dont ils causent...

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  3. là dessus j'ai mis la main sur une bonne trentaines de films du sieur Yé sousse Franco ;-) si ya des amateurs (les amatrices c'est nue dans le jardin)... donc porno holocaust et la nuit erotiques sont deux films differents... yes 2 fois plus de bonheur ! Et puis bon Laura Gemser c'est quand même la chaude braise de l'exotisme mordoré, ondulante, légérement vétue d'un collier de fleurs tropicales exhalant leurs suaves fragances de gymnosperme.

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