Cronico ristretto: L'arbre et la forêt - Jacques Martineau, Olivier Ducastel (2010)

Le préposé n'a jamais caché son admiration pour Guy Marchand, comment pourrait-il en être autrement? Allant même jusqu'à chroniquer son dernier album lors de sa sortie en mai 2008 (A Guy in Blue) ou à porter parfois quelques couvre-chefs pour se rapprocher un tant soit peu du maître. Et s'il aura fallu plus d'un an pour voir le dernier long-métrage de notre hidalgo septuagénaire, L'arbre et la forêt, le souvenir d'avoir vu l'un des plus beaux rôles de Guy Marchand marquera plus les esprits que ce délai d'attente malheureux.

1999, un homme âgé marche dans une forêt sans but apparent, contemple les arbres, la forêt, sa forêt. Soudain un molosse à l'allure impressionnante mais nullement menaçante s'approche, le vieil homme qui était l'instant d'avant calme, serein devient tétanisé, la seule vue de ce rottweiler éveillant en lui un passé enterré, synonyme de honte et de terreur. Cet homme, Frédérick Muller (Guy Marchand) n'a pas été convié à l'enterrement de son fils aîné, ce dernier interdisant sa présence. Or nul de la famille n'est au courant de ce bannissement post-mortem, une absence sous couvert d’excentricité, le patriarche forestier étant connu des siens comme un original. Mais ce manquement aux règles n'est pas sans créer des remouds dans la famille, le fils cadet et la petite-fille de Frédérick ne comprenant pas cette attitude apparemment désinvolte... car Frédérick cache un lourd secret, sa stature de prisonnier politique durant l'occupation n'est qu'un leurre, celui-ci fut déporté pour d'autres raisons, ce que son fils aîné découvrit et ne lui pardonna pas.


Un secret, un passé refoulé et douloureux [1], une famille ébranlée par une révélation, la paire Ducastel et Martineau (Coquil­lages et crustacés) avait habitué le spectateur à des schémas plus légers. Sixième film du duo, L'arbre et la forêt est d'une gravité solennelle, à l'image de l'arbre du titre, et porté par l'interprétation sans faille du duo complice Guy Marchand / Françoise Fabian et de la délicieusement ironique Catherine Mouchet.

Sous un schéma relativement balisé, celui du film de famille au bord de la crise [2], l'histoire de Frédérick Muller se résume à un silence, un mutisme dont les conséquences aura des répercussions sur les trois générations qui composent sa famille, sa femme, ses fils et sa petite-fille. Un film tendu où l'image de l'arbre planté prend toute sa force, un passé enfoui enraciné, protégeant à sa façon la famille avant la tempête menaçante.

... et un Guy Marchand magistral.





L'arbre et la forêt | 2010 | 97 min
Réalisation : Olivier Ducastel, Jacques Martineau,
Scénario : Olivier Ducastel, Jacques Martineau
Avec : Guy Marchand, Françoise Fabian, Catherine Mouchet, Sabrina Seyvecou,Yannick Renier, François Négret
Directeur de la photographie : Matthieu Poirot-Delpech
Montage : Mathilde Muyard
____________________________________________________________________________________________________
  
[1] Contrairement à d'autres critiques que le préposé a pu lire, on évitera de citer ce que cache le personnage principal. L'histoire inspirée par la vie de Pierre Seel perd de sa force si dès le synopsis est dévoilé cet élément central du récit.

[2] Rassurons les moins endurants, on est loin du Bergman de Sonate d'automne ou de Sarabande.

2 commentaires:

  1. un homme capable de chanter la passionata a forcément du talent malgré ses poils.

    RépondreSupprimer
  2. @ Willycat: On ne dira jamais assez le talent de ce monsieur :-)

    RépondreSupprimer