Mrs Winehouse et le cercle des 27

Ainsi donc celle dont on avait oublié quasiment l'existence vient de rendre l'âme dans un dernier sursaut médiatique. Du fait de la règle voire la jurisprudence (?!!!) incitant à ne pas dire du mal, tout du moins être un minimum critique envers les défunts (1), le préposé se gardera bien (enfin de manière suffisamment succincte) d'émettre un jugement de valeur sur la musique de la dénommée Amy Winehouse. On notera simplement que l'interprète tatouée (2) comme quelques pairs du passé aura difficilement supporté les conséquences de sa célébrité... ou plutôt ses démons se sont nourris de celle-ci pour mieux la détruire. L'image d'une célébrité autodestructrice. Voilà pour la psychologie de bazar.

Si la mort d'une junkie qui fut longtemps vache à lait des tabloïds peut émouvoir encore une partie du public, la façon dont les médias auront tiré partie de ce décès misérable est quant à elle assez savoureuse pour l'amateur de remontée gastrique, en particulier la référence au club des 27 (3). En voilà une nouvelle réjouissante. Encore un(e) artiste sacrifié(e) en pleine jeunesse, broyé par le système. Et surtout un raccourci à la mords-moi le nœud sorti de je ne sais quel pseudo érudit rock (4) repris immédiatement par les médias en quête d'accroche et autre expression choc. Si la dénomination de ce club privé est en soit macabrement ridicule, comparer Winehouse à Janis Joplin dépasse le stade de la mauvaise blague pour atteindre celui de la bouffonnerie culturellement crasse.

Vouer un culte à ce club très privé est déjà en soit pervers, vouloir y inclure des nouveaux membres dès que l'occasion rare s'y présente, l'est encore plus (5). Au delà de vouloir trouver une quelconque justification à l'existence de ce cercle VIP, le décès de Jim Morrison avait au moins un point commun avec celui des trois précédents morts, une symbolique certes macabre, mais qui synthétisait sinon la mort définitive de héros de la contre-culture 60's, la fin définitive d'une époque (6).

Winehouse était déjà morte artistiquement, il ne lui restait plus que sa mort à 27 ans pour briller un tant soit peu... pourra ajouter le cynique de passage.

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(1) Heureusement ils nous restent les criminels de guerre...

(2) Ne me demandez pas ce qu'elle chantait... juste le nom de ces deux malheureux LP, et c'est déjà pas mal...

(3) Brian Jones, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Jim Morrison (et Kurt Cobain?!!!): tous décédés à 27 ans en pleine gloire.

(4) Ou de la bouche gouailleuse d'une figure médiatico-tutélaire lunettes noires et blouson en cuir en guise de caution...

(5) La présence de Cobain étant elle-aussi tout autant ridicule...

(6) Sans compter les événements suivants: Altamont, Charles Manson ou la fusillade à l'université d'état de Kent en 1970.

13 commentaires:

  1. j'ai suivi des oreilles et d'un oeil le concert donné par l'artiste en 2007 au Porchester Hall de Londres, rediffusé pour hommage par arte l'autre soir (entourée de plein de bns musiciens)et elle paraissait déjà éteine, ailleurs ou comme... si elle s'etait lever à 6h du mat pour aller au turbin.

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  2. @ Al: Le peu que j'ai vu effectivement ne m'a pas non plus scotché... disons qu'elle était au moins bien entourée...

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  3. Disons que tu es un peu réac', non?

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  4. @ Toorsch: On commencera par une pirouette, on a tous un côté réac qui sommeille en nous.
    Je suis plus désabusé que réactionnaire.
    Je ne pense pas non plus qu'on puisse taxer quelqu'un de très pointilleux, radical et critique (mais de façon argumentée! :-D) de réactionnaire.
    Le réactionnaire s'il ne vit pas dans le passé garde comme référence ce dernier, alors que je suis tout sauf quelqu'un de nostalgique... un peu connard sur les bords? Sans doute ^^

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  5. :-), ça j'aime. On est tous un peu connard également. Cela dit, l'histoire a pas mal réévalué le travail de Morrison et même celui Joplin. Il est trop pour dire si "Back To Black" passera a la postérité, je pense que oui, car c'est un très bon album.

    Le club des 27, c'est bien jolie et jamais personne n'a dit qu'il était réservé aux génies... Encore une belle invention de journalistes.

    Cordialement...

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  6. @ Toorsch: Oui la postérité le dira.
    On verra si ce Back to Black tient la distance ou s'il finira comme le Grace de Jeff Buckley... bah quoi? Qui peut encore aujourd'hui écrire que cet album est un chef d’œuvre intemporel? :-D

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  7. Pour revenir aux Doors "The Soft Parade" est t'il un chef d’œuvre intemporel? hum, pas sur :-)

    Le seul qui mérite vraiment sa place dans le club des 27 c'est Paul McCartney... et c'est tout!!!

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  8. @ Toorsch: on est pas là pour sortir les cadavres du placard :-D... d'autant plus que Soft parade est surtout le bébé de Robby Krieger.. à qui on doit avec son acolyte Manzarek la reformation des Doors justement :-S

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  9. hum... (dubitatif), je suis d'accord et pas d'accord en même temps, le Jimbo aura quand même eu sa période crooner. Peut-être aurait'il fini dans un casino de Las Vegas entouré de veilles groupies édentées, des LV Women. Mais heureusement il est mort assez jeune, 27 ans il me semble:-)

    Mais ne considérons pas "The Soft Parade" comme un cadavre, pas plus que "Grace" d’ailleurs...

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  10. @ Toorsch: Rho Grace> n'est pas un cadavre, tout juste un album surestimé par une bande (poignée?) de trentenaires... :-D

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  11. Difficile de savoir ce qui est surestimé ou pas... Je suis d'accord avec toi en ce qui concerne "Grace". Mais je trouve également certains chef d’œuvre absolu surestimé également, "Sgt Pepper" et "Electric Ladyland" par exemple. J'adore pourtant les deux, mais je reste lucide :-)

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  12. J'ai mis deux fois également dans la même phrase... je m'auto-gifle!

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  13. @ Toorsch: Difficile de savoir ce qui est surestimé ou pas
    C'est simple pourtant! Tout ce qui est indéboulonnable et porté au diapason par la critique mérite quelques réajustements! :-P

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