Fallen - Burzum (2011)

2010 avait sinon suscité l'émoi chez certains nostalgiques de la première moitié des 90's, tout du moins réveillé les amateurs d'un metal cru et noir... ainsi qu'une poignée de curieux restants, plus intéressés par la case fait divers: Varg Vikernes sortait de prison et remettait en selle Burzum. Soit le retour d'une des formations de black metal les plus intéressantes, et aussi malheureusement (et à juste titre) l'une des plus controversées du fait de la personnalité de son leader... xénophobe.

Après un Belus mitigé laissant néanmoins quelques raisons « d'espérer » en un sombre avenir musical, Vikernes remet donc le couvert et montre contre toute attente (?) que le monsieur n'est pas encore mort musicalement ; fait rare et à souligner eu égard aux états de service et à l'âge avancé de Burzum [1].

Le premier reproche qu'on pouvait faire à Belus était son manque de cohésion, la moitié de l'album n'était qu'une resucée du passé, rarement efficace, tournant parfois à vide... quand Varg ne se perdait pas dans quelques travers hypnotico-lourdingues stériles (Glemselens elv). A charge pour son auteur de redresser la barre et apporter un peu de sang neuf à un précédent album qui ne manquait pourtant pas de bonnes idées (Morgenrød/Belus' tilbakekomst (Konklusjon)). Or le nouvel opus Fallen dont la pochette est empruntée au tableau du français William Bouguereau, Douleur d'amour (ou Élégie et manque d'amour), gomme idéalement les précédents défauts pour proposer une nouvelle facette de Burzum qui pourra en surprendre plus d'un...

Enregistré et mixé en quinze jours, le nouvel album est décrit par son auteur "comme un croisement entre Belus et quelque chose de nouveau"... oui et à plus d'un titre. Premier constat passé le titre introductif Fra verdenstreet, si le son ne renoue pas avec l'abrasion et la crudité d'un Filosofem, Burzum retrouve une intensité, une prise directe qui faisait cruellement défaut à Belus et sa triste et morne production. Deuxième constat à l'écoute de Jeg faller, Vikernes nous avait habitué à poser quelques lignes de chant clair pour appuyer la mélancolie sous-jacente de sa musique (Det Som Engang Var), or autre nouveauté le chant clair apparaît sur la dite chanson et sur les suivants comme l'instrument déstabilisant d'une certaine sérénité (aspect à corréler sans doute (?) avec des textes plus personnels...).

Mais si apaisement relatif il y a au détour d'un refrain, Burzum reste Burzum et le bien nommé « folie » Vanvidd permet au multi-instrumentiste et homme-orchestre norvégien de remettre les pendules à l'heure, au même titre que le nihiliste Enhver til sitt ou Budstikken musicalement empreint de mythologie nordique. Après un Belus faisant désormais office de mise au point, et le temps de clore ce nouveau chapitre par une outro chaotiquement paisible, Fallen confirme le retour en forme de Vikernes, offrant à Burzum l'un de ses meilleurs albums.

Un des albums metal de 2011.


Chronique sur Playlist Society.
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[1] Burzum fêtant cette année ses vingt ans d'existence.

5 commentaires:

  1. Pff il faut un dico français-norvégien... :-)

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  2. @ Syst: à noter que les titres des chansons du dernier album sont traduites, ça aide un peu :-P

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  3. Très bon album, effectivement !

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  4. @ Thom: L'album des français de Blut Au Nord qui vient de sortir est pas mal non plus, chro à venir (enfin pas tout de suite non plus...)

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