Massacres dans le train fantôme (The Funhouse) - Tobe Hooper (1981)

Entre son adaptation du roman de Stephen King Les vampires de Salem pour la télévision et sa future collaboration avec Steven Spielberg sur Poltergeist [1], le cinéaste du retentissant The Texas Chain Saw Massacre, Tobe Hooper, signait avec The Funhouse (Massacres dans le train fantôme) en 1981 un nouveau film d'horreur loin d'être aussi facile qu'il n'y parait. Mieux, première collaboration du cinéaste avec un grand studio, ce quatrième long métrage, s'il ne déroge pas avec les usuels rendez-vous manqués de Hooper avec la critique et le public et autres malentendus avec ses commanditaires, s'écartait des slashers à la mode contrairement à ce que pouvait laisser transparaître son titre français racoleur. Mais n'allons pas trop vite.

Contre l'avis de ses parents, la jeune et farouche Amy [2] sous couvert d'aller au cinéma, va avec son nouveau petit copain Buzz et son amie Liz, accompagnée de sa tête à claques préférée Richie, à la fête foraine qui vient tout juste d'arriver en ville. Ainsi malgré le conseil avisé de son paternel lui rappelant les disparitions mystérieuses de l'année précédente coïncidant étrangement avec la venue de ces étrangers forains, les quatre adolescents partent s'encanailler loin de cette tutelle pesante et liberticide. A eux les joies de la fête foraine et son lot d'attractions jubilatoires tels que Madame Zena, diseuse de bonne aventure de son état (voire plus moyennant finance, mais n'allons pas trop vite...), du fameux freak show que toute bonne fête se doit d'offrir, ou de se faire frétiller la rétine à la vue d'une poignée de strip-teaseuses à la fraîcheur quelque peu flétrie [3], avant finalement de goûter au grand frisson dans le terrible train fantôme, lieu ou plutôt prétexte idéal pour rapprocher les corps d'adolescent encore en émoi devant tant d'émotions... débordantes.

Les joies de la douche... avant les massacres

Richie toujours prompt à prouver à l'assistance son potentiel et ses bonnes idées propose au petit groupe de passer la nuit dans le dit train fantôme, les ambiances horrifiques en carton pâte provoquant chez notre sémillant binoclard à chemise à carreaux des envies, enfin des pulsions que seul son amie Liz pourra calmer. Non content de jouer les voyeurs amateurs de chairs flasques, nos jeunes aventuriers aperçoivent à travers les planches du parquet une prestation scénique de Madame Zena connue des seuls initiés pouvant mettre 100 dollars sur la table. Une représentation agitée où le poignet expert de la voyante sera mise à contribution et néanmoins nullement appréciée à sa juste mesure par le client masqué, déguisé en créature de Frankenstein, ce dernier étant plus doué à briser le cou de la voyante que de refréner une précocité séminale involontaire et donc incontrôlée. Témoins malheureux de ce piètre divertissement érotique, Amy et ses compagnons tentent dès lors de s'échapper (en découvrant un peu tard les dangers inhérents au voyeurisme)... or c'était sans compter sur le pouvoir de nuisance de Richie et sa capacité à se faire repérer par le propriétaire des lieux et père de la créature masquée...


Comme énoncé en préambule, cette production Universal dirigée par Tobe Hooper s'écarte du cahier des charges des habituels ersatz du néo-classique de John Carpenter, Halloween. La première scène du film est à ce propos un exemple parfait de cette volonté de se démarquer du reste des suiveurs, quand Hooper rend directement hommage au film fondateur du genre, Psychose d'Alfred Hitchcock, un hommage (très) appuyé pour mieux par la suite solder les comptes en quelque sorte. Mieux, le scénario signé Larry Block évite tout écart grossièrement réactionnaire ou simpliste, essayant même quelques diversions bien venues comme la présence du jeune frère d'Amy dans la fête foraine (quoique sous-exploitée), la relation ambigüe entre le père et la créature ou une héroïne se démarquant des habituelles vierges gueulardes.


En oubliant ce titre français tout droit sorti de la tête d'un distributeur qu'on taxera poliment de peu inspiré, ce Funhouse de Tobe Hooper, s'il s'inscrit dans une veine classique, reste à part de par son traitement, le cinéaste étant plus attaché à créer des ambiances qu'à jouer la carte du gore à tout prix, au détriment de l'action puisqu'il faudra attendre presque une heure avant de plonger véritablement dans l'épouvante. Néanmoins, si le spectateur attend autre chose qu'une boucherie sur pellicule, celui-ci pourra justement apprécier l'originalité du lieu présenté et le soin apporté à créer une ambiance glauque et malsaine mise en lumière par la photographie travaillée d'Andrew Laszlo, les maquillages de Rick Baker et les différentes scènes distillant cette atmosphère particulière oscillant entre le macabre et le grotesque. 

Si The Funhouse peut apparaître quelque peu daté de nos jours, et dans l'ombre de son glorieux aîné texan, celui n'en demeure pas moins un classique du film d'horreur 80's.

Recommandé.



The Funhouse (Massacres dans le train fantôme) | 1981 | 96 min
Réalisation : Tobe Hooper
Scénario : Lawrence Block
Avec : Elizabeth Berridge, Shawn Carson, Jeanne Austin, Jack McDermott, Cooper Huckabee, Largo Woodruff
Musique : John Beal
Directeur de la photographie : Andrew Laszlo
Montage : Jack Hofstra
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[1] Spielberg à l'époque de The Funhouse avait déjà proposé à Hooper de travailler avec lui sur un projet nommé Night Skies, ou l'histoire d'une famille de fermiers en proie à une invasion extra-terrestre. Bien que le projet restera dans les cartons (en partie à cause du refus de Hooper à le réaliser, mais dont on retrouvera des traces scénaristiques dans les prochaines productions Spielberg à savoir Poltergeist et Gremlins), celui mutera en une version grand public (qui a dit cul-cul la praline ?), véritable succès mondial plus connu sous le nom d'E.T.!

[2] Enfin pas trop tout de même, disons que des quatre protagonistes ou héros, Amy est la seule vierge... et donc forcément seule survivante du carnage annoncé ?

[3] Mais quand on ne paye pas la performance de ses naïades à la fesse molle et à la poitrine newtonienne, l'alternative de voir ce morne spectacle à travers un trou, soit un premier saut vers cette émoustillante pratique que l'on nomme voyeurisme, tend à rendre l'entreprise plus agréable, tout du moins plus attrayante.

4 commentaires:

  1. dans la carrière bis voir z du bon Tobe je préfère la belle Mathilda May nue dans Lifeforce pour ma part mais je prencherai avec plaisir sur ce bout de peloche

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  2. @ Diane: Lifeforce était prévu, mais il y eut un souci technique...
    En tout cas, après coup, ça fait sourire de constater qu'Hooper n'était pas chaud pour le projet de Spielberg et que quelques années après, il pond cette invasion extraterrestre nommée Lifeforce...

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  3. Un film qui vaut bien mieux que son titre français (mensonger en plus, comme tu dis) ! Un Hooper à mettre en lumière, en tout cas, "The funhouse" faisant partie des meilleurs péloches du cinéaste.

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    1. oui tout à fait, bien mieux que ce raccourci facile et mensonger ! :-)

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