Cronico Ristretto: Joe Kidd - John Sturges (1972)

Western réalisé à l'aube des 70's par le non moins réputé John Sturges [1] avec en haut de l'affiche, excusez du peu, Clint Eastwood et Robert Duvall, Joe Kidd n'en demeure pas moins un long métrage peu connu. A raison ? 

Joe Kidd (Clint Eastwood), ancien pisteur et chasseur de primes réputé, désormais à la retraite dans son ranch, fait un crochet par la prison du shérif de Sinola dans le Nouveau-Mexique après avoir été arrêté pour troubles à l'ordre public sous l'influence de l'alcool et braconnage dans une réserve indienne. Lors de sa comparution devant le juge le lendemain matin, l'homme de loi est pris à partie par des mexicains réclamant la remise en cause des terres appartenant aux nouveaux propriétaires gringos. Si cette révolte paysanne menée par Luis Chama (John Saxon) laisse de marbre Kidd, celle-ci est loin d'arranger les plus gros propriétaires terriens de la région tel l'omnipotent Frank Harlan (Robert Duvall).

Accompagné de ses hommes de main, Harlan désire louer les services de pisteur de Kidd et ainsi retrouver la trace de ce néfaste Chama au plus tôt. D'abord étranger à cette histoire, Kidd accepte l'offre d'Harlan après avoir découvert que Chama et ses acolytes aient volé plusieurs de ses chevaux et maltraité un de ses employés... Chama ayant peu apprécié l'aide apporté par Kidd au juge que le leader mexicain voulait kidnapper, de même que la mort d'un de ses comparses tué par Kidd lui-même. Le lendemain, Harlan et sa troupe partent sur les traces de Chama, mais ses méthodes brutales et la rencontre de la belle Helen Sanchez ne laisseront pas indifférent Kidd...

Comme souvent dans pareil cas, pour celui ou celle qui aimerait trouver une raison à cet anonymat actuel, la conséquence d'un voisinage un peu trop glorieux pourrait bien en être la première raison... la sortie de Joe Kidd précédant d'une année le premier western réalisé par Eastwood, [1] L'homme des hautes plaines, ou son premier chef d'œuvre crépusculaire. Or cette explication n'est pas la seule...

Que le vétéran John Sturges réalise un western appartenant au sous-genre en vogue à cette époque, le revisionist western, avec dans le rôle titre l'interprète du désormais légendaire "homme sans nom" partait d'une bonne idée à défaut d'être originale. De la même manière, y placer dans l'histoire les quelques casseroles qui collent à l'histoire étasunienne, telle que la réforme agraire correspondant à la cession du Nouveau Mexique par le Mexique, était elle aussi une louable intention. Et pourtant malgré ces aspects, Joe Kidd reste un film mineur. Il y manque l'étincelle, une tension, une histoire plus étoffée ou plus complexe. Qu'importe que le film n'ait pas vocation à jouer les westerns contemplatifs, l'absence de plusieurs scènes spectaculaires ou des confrontations mémorables est le point faible de ce western (hormis celle de la locomotive démolissant un saloon de seconde zone, pas grand chose à se mettre sous la dent, le sort des Lamarr et autre Harlan étant finalement expédié bien trop rapidement). Pire, le personnage principal incarné par Eastwood manque cruellement de consistance [2].

Si Joe Kidd n'a rien de la pépite oubliée, méritant amplement de rester dans l'ombre de la filmographie du grand Clint, ou de celle du cinéaste de La grande évasion, on gardera toutefois une certaine clémence envers ce film mineur, qui mérite par défaut d'être vu par les amateurs de western de cette époque.




Joe Kidd | 1972 | 88 min
Réalisation : John Sturges
Scénario : Elmore Leonard
Avec : Clint Eastwood, Robert Duvall, John Saxon, Don Stroud, Stella Garcia, James Wainwright
Musique : Lalo Schifrin
Directeur de la photographie : Bruce Surtees
Montage : Ferris Webster
____________________________________________________________________________________________________

[1] Réalisateur de Règlements de comptes à O.K. Corral (1957), Les sept mercenaires (1960) ou La grande évasion (1963).

[2] Kidd ou l'homme caméléon: pilier de bar, chasseur d'homme, pistolero, etc.

2 commentaires:

  1. Ah ouais, les dents qui mordent les lèvres, ça le fait grave ;-)

    RépondreSupprimer
  2. @ Systool: N'est-ce pas! J'avais prévenu, un système de notation typiquement frankNfurtien!

    RépondreSupprimer