Cronico Ristretto: Grumpf Quartet - Grumpf Quartet (2010)

Signé chez Noir Prod tout comme leurs cousins Mâconnais et zébulons bruitistes Ni, voici que débarque de Bordeaux le Grumpf Quartet et son premier album éponyme, ou la version complémentaire des quatre musiciens précités?

Formé en 2006, Grumpf Quartet prouve une fois n'est pas coutume que musique rock "sérieuse" ne rime pas forcément avec boursouflure... de la part d'un quartet cachant en fait un trio de musiciens (aguerris), on aurait dû s'en douter, non?

Si la recherche de structure alambiquées et autres plans complexes (et rajoutez y une bonne louche d'harmonies dissonantes) peut sembler vaine depuis plusieurs années, quand le renouveau math-rock et post-rock semblent avoir montré ses limites, la découverte d'une nouvelle formation œuvrant dans un style à la croisée d'un rock progressif ténébreux et d'un mathcore jazzy pouvait éveiller l'intérêt du chroniqueur, voire le rassurer à la lecture de titres tels que: Stravinsky on da rocks (clin d'oeil et jeu de mot à la Zappa?) ou Racine de deux (en attendant un Hypoténuse au carré?). Bref, les Grumpf avaient suffisamment de recul sur leur art (et des références/influences avouées prometteuses [1]) pour susciter plus d'une écoute [2].
  
Le disque sur la platine, l'album éponyme s'ouvre par Stravinsky et l'ombre de Robert Fripp plane déjà sur ce Grumpf quartet, la même science du riff menaçant en provenance d'un Fracture, ou comment calmer les ardeurs de l'auditeur après quelques étrangetés frénétiques... soit une guitare King Crimsonienne véritable leitmotiv au gré des envies du trio (Ushikata Ajime). Musiciens à la mise en place rigoureuse, ne gardant que le meilleur (?) d'un Dillinger Escape Plan par exemple, ou une rythmique basse/batterie alternant les séances groovy et marteau-pilon (Shaka) au service d'un dynamisme technique (et d'une technique dynamique). Néanmoins l'humour est peu privilégié ajouterons les grognons. Or le trio a l'avantage certain de savoir varier les ambiances et les fantaisies sonores sans démonstration stérile (La triste fin d'Horace), tout juste le chroniqueur, amateur de Fun House, espérera qu'à l'avenir les musiciens offrent une place plus importante au saxophone (Racine de deux) voire à d'autres instruments.

A suivre.

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[1] Mr Bungle, Radiohead, John Zorn, Charles Mingus, Shellac, etc.

[2] On a beau avoir une oreille avertie, si la première écoute s'apparente à une silhouette avantageuse, le style musical de notre quartet (qui n'en est pas un) mérite plusieurs écoutes attentives pour justement en découvrir toutes les voluptueuses subtilités.

2 commentaires:

  1. Une silhouette avantageuse ? Moui, faut aimer les corps anorexiques et anguleux, c'est quand même math :-)

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  2. @ Thomas: C'est math et pourtant groovy, d'où les rondeurs sous-entendus ;-)

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