Bilan de fin d'année d'un Doomster - Part Two


Dire que le messie doom Jus Osborn était attendu au tournant depuis le très passable Witchcult Today (2007) serait exagéré, tant le joyau sombre de son groupe Electric Wizard, Dopethrone, date déjà d'une décennie. Dix ans qui auront vu un solide album (We Live (2004)) coincé entre deux autres LP plus inconsistants (et inconstants), Let Us Pray (2002) et donc celui de 2007. Dès lors ce Black Masses allait-il sinon remettre en selle le dit sorcier, chantre des ambiances fumeuses et d'un psychédélisme noir où règne de main de maître la guitare hypnotique de son leader (amis de la formule ampoulée, bonsoir)? Electric Wizard, si on en croit les milieux informés, ceux là même champions dans l'art de sortir des expressions préconçues, serait l'un des, sinon, le groupe le plus heavy qui soit. Derrière ce superlatif stérile, véritable ligne de conduite à brasser de l'air propre aux metalheads de toute chevelure, se cache néanmoins une vérité. Le Wizard est doté d'un exceptionnel son épais, massif et ample, capable de remplir l'espace dès les premières notes, avec l'avantage certain de ne jamais verser dans la surproduction ou l’esbroufe sonore. Or Black Masses pourra en déconcerter plus d'un, tant le nouvel album se garde bien de creuser le sillon qui fit en partie la réputation de l'électrique sorcier. Osborn a regoûté à sa substantifique moelle, propose un son certes moins imposant, mais retourne à l'essentiel avec des compositions de nouveau inspirées, où les ambiances sales, nocturnes et incantatoires prévalent, l'album se clôturant comme il se doit par un instrumental menaçant, Crypt of Drugula.

Brûlez un cierge noir, le sorcier est de retour.

Le premier morceau de l'album, Black Mass, en écoute sur leur Myspace.



Coïncidence ou non, 2010 voit la sortie simultanée du précédent album avec celui de Ramesses, Take The Curse. Groupe formé par deux anciens musiciens de la formation de Jus Osborn, soit le bassiste Tim Bagshaw et le batteur Mark Greening (la paire ayant quitté Electric Wizard après la sortie de l'album de 2002) mais aussi d'un certain Adam Richardson, guitariste de Thy Grief Eternal et Lord of Putrefaction, premières moutures du leader du Wizard... bref, pour ceux qui s'intéressent un minimum à l'historique du trio, on reste en famille (recomposée) (1). Après un premier LP, Misanthropic Alchemy, remarqué des initiés et très porté sur le sludge, Take The Curse reprend quelques éléments qui ont fait le prestige de leur ex-taulier, à savoir cette capacité à écrire nombre de riffs entêtants (Terrasaw) accompagnés de samples horrifico-sexués de films crapoteux de série B/Z... mais pas seulement! Le trio anglais, s'il garde une assise profondément doom, sait aussi naviguer en eaux plus troubles, enfin plus remuantes, celui-ci incorporant tel leur voisin d'outre-Atlantique Bongripper, des accélérations propres au metal plus extrême, et dans le cas présent le black metal (Black Hash Mass ou l'introduction d'Hand of Glory)... évolution qui ne détonne guère en découvrant un peu le timbre de voix de Richardson, aussi à l'aise dans le chant déclamatoire étouffé, écorché, ou à la limite du death par moment, une palette vocale doomster qu'on retrouve sur l'excellente chanson qui porte le nom de ce deuxième album. Un album certes moins porté sur le sludge, à la fois plus extrême et plus classique dans l'approche du fait de la plus grande place offerte aux ambiances lugubres et doom 70's (Khali Mist). Du bon doom bien rugueux.

Album en écoute sur Grooveshark.


Terminons sur une note encore plus légère avec les helvètes de Rorcal et leur dénommé Heliogabalus, chanson titre (oui ça devient une habitude depuis le Dopesmoker de Sleep) d'une heure et dix minutes, ou l'illustration sonore de la décadence de l'empereur romain (2) du même nom (plus connu sous le nom d'Héliogabale dans sa version francisée). Une décadence revue et corrigée faut-il le souligner immédiatement par une formation qui ne dépareillerait pas aux côtés des joyeux drilles de Khanate (projet de Stephen O' Malley de Sunn O))) ). Formé en 2006, ce quintette en provenance de Genève officie dans un doom extrême reprenant à la fois les plans les plus tordues d'un EyeHateGod et ceux appartenant à la scène drone... musique somme toute "grand public", "guillerette"... on n'en attendait pas moins de la part de la Confédération qui a vu naitre les poètes d'Hellhammer (3). 70 minutes de musique anxiogène, où la souffrance, véritable leitmotiv d'Heliogabalus et clef de voute de l'album pourra créer chez l'auditeur selon divers paramètres un sentiment paradoxal de rejet... une heure dix sans pause, c'est déjà une épreuve, si on y ajoute un environnement sonore sombre et torturé (4), son écoute entière peut virer au cauchemar... soit un album idéal pour les doomsters les plus aguerris.

Album en écoute et téléchargeable gratuitement sur leur site internet.


PS: Dans la catégorie "peut mieux faire", on retiendra le Ritual Abuse de Cough, le Matador de Zoroaster (lorgnant un peu trop vers l'uniformisation sludge soulignée lors du précédent post, et de tourner avec Kylesa, ceci ne devrait pas arranger les choses...). Au contraire, dans la catégorie groupe à suivre, si le Загадка de Gholas manque encore un peu de personnalité pour se démarquer du reste, celui-ci peut laisser présager un futur intéressant. A suivre donc.

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(1) On ajoutera juste pour alourdir encore un peu plus le propos à titre informatif que désormais Bagshaw et Richardson ont effectué un échange des instruments, ces derniers tenant respectivement la guitare et la basse, Richardson s'occupant aussi du chant.

(2) Après l'hommage à Eve d'Ufommamut... pourquoi pas...

(3) Groupe qui changera de patronyme pour Celtic Frost, soit l'un des pères du black metal ou plus généralement du metal extrême.

(4) A sa première écoute, les 12 premières minutes sont effectivement toutes sauf faciles...

4 commentaires:

  1. c'est vrai que le rock à Gt et au tdb est fort sage et là tu me donnes envie de me pencher la dessus, entretemps je vais t'envoyer un mix dont tu me dira des nouvelles. Là je me suis ressorti supercharger de machine head pour remuer du popotin

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  2. @ Diane: Oh noooon pas Supercharger!!! Et pourquoi pas cette daubasse fadasse de Burning Red! :-P Burn My Eyes m****!!! :-D
    Old man, dead hand
    If only in their insanity
    The lie feeds off their greed
    Jesus wept
    ^^

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  3. diane cairn29/12/2010 13:37

    j'avoue je jeter le cd copié à la poubelle après réécoute

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