Cronico Ristretto: Ariya Astrobeat Arkestra - Ariya Astrobeat Arkestra (2010)

Quitte à se répéter encore, et à asséner le même genre de propos et autres lieux communs jusqu'à la nausée, l'année en cours n'aura que très faiblement apporté son lot de nouveautés [1]. Et à défaut de grand chambardement, on pourra tout de même (à l'occasion) se féliciter de la qualité de plusieurs sorties, estampillées "valeur refuge" en ces temps de disette pour les plus alarmistes. Des nouveaux disques de formations plus ou moins jeunes décidées non pas tant à jouer la carte de la nostalgie à tout prix, mais plutôt des musiciens garants d'une filiation musicale et dans le cas présent, d'un amour pour Fela Kuti, le funk et l'ethno-jazz : à l'image du quatrième album du Souljazz Orchestra, Rising Sun, ou du premier album éponyme du Ariya Astrobeat Arkestra.

Ce dernier groupe composé de huit membres, dont une section cuivre constituée d'une trompette et de trois saxophones, dont deux ténors et un baryton, est issu pour l'anecdote de la rencontre entre deux groupes de musiciens, ceux accompagnant en concert les artistes hip-hop britanniques Homecut et Kidkanevil. Après diverses jam sessions dans le bar de Leeds, le Sela, où nos quatre souffleurs croisaient le cuivre, l'Ariya Astrobeat Archestra fut créé vers la fin de l'année 2007. Contrairement à leurs cousins canadiens du Souljazz, l'Archestra ne peut être accusé de vouloir brouiller les pistes [2], au contraire, les références et l'origine de leur patronyme apparaît des plus limpides pour l'amateur d'afrobeat et d'aventures signées Sun Ra.

Après la sortie sous format single d'une reprise du classique de Jimi Hendrix, Crosstown traffic, en avril dernier, les anglais ont enregistré dans la foulée leur premier album [3], sorti ce mois de novembre, un disque, on l'aura compris, inspiré du meilleur de l'afrobeat from Lagos via Leeds.

Et si la présence du Black President est évidente à l'orée de l'introductif African Kings, le solo au saxophone ténor ne pouvant difficilement laissé indifférent, comme souvent en pareil cas, la musique d'Ariya est principalement portée par une section cuivre des plus entrainantes. Éminemment instrumentale, à l'exception de quelques chœurs égrainés au gré des envies, l'Ariya convie cependant le temps de deux chansons des invités vocaux, le MC Testament sur l'urbain Sankofa et la chanteuse Shara sur le sensuel Conflict Arise.

Un premier disque qu'on qualifiera avant tout d'afrobeat, l'influence funk et space jazz tels les claviers à la Herbie Hancock période Mwandishi de Body Not Be Firewood restant avant tout en retrait face à la force de persuasion des rythmes africains, mais qui dénote aussi d'autres désirs d'ouverture comme le bien senti " dub" et introspectif Re-Education, Mis-Education.

A découvrir.


La chronique de Mmarsupilami.


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[1] 2010 ou l'année des bons albums pas top.

[2] Les canadiens du Souljazz Orchestra ayant très peu de liens avec le dénommé genre soul jazz, genre de prédilection d'un Grant Green ou d'un Nat Adderley par exemple.

[3] La reprise d'Hendrix apparait néanmoins sur l'album.

10 commentaires:

  1. j'avais passé la reprise de "crosstown traffic" il y a qques mois dans mon émission de radio. Pas écouté l'album par contre. Je vais essayé de chopé ça...

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  2. @ Syst: ouais j'étais parti pour faire un mois de novembre quasi consacré au doom... puis je me suis ravisé quelque peu, ce qui ne m'empêchera pas de rédiger sans doute une liste des sorties doom à mon goût.

    @ Nyko: Reprise assez intéressante, l'intro et la première partie étant suffisamment bien retravaillé, faut attendre quasi le refrain pour reconnaitre la chanson (enfin c'est mon cas).

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  3. Alors... après les groupes qui depuis 5 ans s'évertuent à sonner comme ceux des 60's, les pâles copies des groupes des 70's voici un groupe qui fait de l'afrobeat... très 70's.

    Mais : il le font très bien et le groove est implacable !

    A caler en soirée entre deux punchs fardés et des saucisses grillées à l'aigre-douce pour chauffer l'ambiance.

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  4. @ Wakajawaka: voilà ça nous change un peu du rechauffé 80's qui a pollué les années 2000.

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  5. Ah bah zut... moi qui m'apprêtais à ressortir mon vieux DX7 et ma pcm80 pour coller plein de réverb partout sur les toms et les caisses claires ! :P

    Le réchauffé heighties, depuis le temps il commence à sentir le graillon... (enfin... y'en a certain qui diront qu'il faut que ça graillonne un peu pour avoir du goût).

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  6. @ Wakajawaka: note que quand ça commence à sentir le graillon, dans certain cas, ça peut être intéressant... mais bon concernant les divers revivals 80's bof en fait.
    Allez, dans quelques mois, les revivals 90's vont nous polluer :-D

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  7. Le souci c'est que ce qu'on nous ressert, ce ne sont pas les chef d'œuvres mais les bouses.
    Et une bouse, même millésimée ça garde un goût de [biiiiip].

    Prendrez vous une bouteille de "Boys-boys-boys" avec vôtre "Est ce que tu viens pour les vacances ?".
    Non merci, pour moi ce sera un Wall Of Vodoo arrosé de "Big Science"... et j'exige d'être servi par des bikini girls with machin-guns !
    :P

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  8. Énorme exactement ce que j'avais envie d'écouter en cette après-midi difficile ! :)

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