Funky front covers III

Pour terminer en apothéose cette sinistre année 2009, à l'heure où les cuistres vont de leur bilan comptable onaniste et en attendant une fin d'année qui me fera sans aucune mesure oublier les douze derniers mois passés, ouvrons un nouveau chapitre du désormais fameux (1) Funky front covers annuel ou en d'autres termes, remémorons-nous au bon souvenir des pochettes oubliées de la musique funk et disco des 70's et 80's. Un nouvel éclairage en somme pour des groupes et artistes qui à quelques exceptions près ne vivent que pour le regard déviant sinon lubrique de quelques collectionneurs avides de sensations... moites et phéromonées. En préambule, et en suivant les bons conseils de l'influent Jean-Pierre Morignard, cet article sera scindé en deux partie au vu du nombre de pochettes sexy présentées lors de cette nouvelle session.
 

Commençons léger par une première série qui ne devrait pas laisser de marbre le lectorat féminin (ou gay) du blog. Q. T. Hush, groupe obscure de funk des années 80, dont le nom est un hommage à la série animée US des 60's du même nom, sort en 1985 son seul et unique album. Un LP éponyme dont la pochette met en exergue judicieusement une mode vestimentaire à la pointe... de quoi, on ne le sait pas exactement, mais finalement pas plus ridicule que les excès de la dite décennie et qui a au moins le mérite d'être hétéroclite, avec une mention spéciale pour le clone gay de Phil Lynott (2) (deuxième en partant de la droite) et le Richard Pryor look-a-like tout de rouge vêtu (admirez au passage le léger mouvement d'épaule tout en souplesse). Parmi les neuf groupes ou artistes présentés, Cameo est sans aucun doute le plus célèbre, véritable parangon du funk des 80's avec en point d'orgue leur album Word Up! sorti en 1986. Deux années plus tard, le groupe qui pour l'anecdote aura droit à un invité de luxe en la personne de Miles Davis sur le morceau In the Night (3), sort Machismo. Pochette volontairement décalée où le cuir et les chaines pourraient faire office de réclame publicitaire pour le célèbre Fucking Blue Boy. Un humour et une vision teintée d'autodérision que le chanteur Michael Henderson a dû oublier en cours de route et qui laisse pantois quand on apprend qu'il s'agit du même Michael Henderson qui joua au côté de Miles Davis (encore lui) durant les 70's sur les ténébreux On The Corner ou Get Up With It. Le même Davis qui préférait justement s'adjoindre les services d'un véritable musicien de funk qu'un jazzman sachant jouer cette nouvelle musique urbaine (procédé que reprit Herbie Hancock avec son Headhunters quelques années plus tard). Ainsi, celui qui joua auparavant aux côtés de Marvin Gaye et Stevie Wonder se lance après la retraite de Miles dans une carrière solo à partir de 1976. Quant à la dite pochette de son album de 1981, Slingshot, les fans de (je vous laisse le choix de la formule) apprécieront...

  

Faire l'étalage de son charisme, de son goût vestimentaire exquis ou de ses abdominaux saillants est certes le premier pas vers une reconnaissance, mais prouver à son public qu'on en est pas moins un homme au charme redoutable, voici l'autre atout que nous propose les pochettes de nos trois illustres inconnus. Trois exemples où nos braves étalons font étalage de technique diamétralement opposée passant du jovial et paternaliste Tony Troutman, à l'égomaniaque Gepy & Gepy en terminant par le désemparé Hurricane Fifi (4). Tony l'homme-truite, non content de nous démontrer que le bouquet de fleurs et le verre d'alcool sont les deux mamelles de la séduction, n'est finalement pas un inconnu. Ce dernier est en effet membre d'un groupe de funk oublié mariant rythmes électro 80's et mélodie pop intitulé Zapp (cinq albums sortiront ainsi durant les années 80). Le cas Gepy & Gepy est d'autant plus savoureux que notre chanteur libidineux transalpin au regard braise n'est rien d'autre qu'un sous-Barry White d'opérette poussant le vice à mettre en lumière tout le savoir faire putassier des producteurs italiens de l'époque en matière de disco (...et en attendant l'âge d'or de l'italo-dance). Mais que les néo-fans se rassurent, l'aspect évanescent et particulièrement troublant de cette pochette dionysiaque n'est en rien face à la sensualité qui se dégage des gestes et de la voix suave du bel et graisseux italien (voir la vidéo de Body to Body). Le cas d'Hurricane Fifi a de quoi par contre laissé dubitatif plus d'un jeune mâle en proie à ses espiègles hormones. Quelles peuvent-être les raisons véritables d'un tel désarroi ? Ce jeune homme au costume de lumière se retrouve côte à côte avec l'une des icônes du cinéma porno des 70's, notre Brigitte Lahaie nationale, nue, lascive... et pourtant Fifi a autant d'enthousiasme qu'un mormon atteint de paralysie faciale. Fallait-il un tel exemple à la jeunesse du monde entier pour mettre en lumière la frigidité dont sont atteints les hommes au pseudonyme ridicule ?
 

Pour clore cette première partie faisant, vous le conviendrez aisément, la part belle à la séduction, il aurait été dommage de ne pas terminer sur des pochettes somme toutes plus grivoises, le lectorat masculin ayant aussi droit à sa part du gâteau. A l'époque du deuxième album de Santana, le classique Abraxas, les puristes s'étaient émus à juste titre de la présence d'une colombe située au mauvais endroit, et quelques années plus tard, soit en 1981, l'obscure groupe Hambone nous refait le coup avec cette fois-ci en lieu et place de cet innocent volatile une pelucheuse éléphante à la robe légère... les amateurs de sucrerie déviante apprécieront. Et si vous êtes à la recherche d'un groupe de funk qui n'a jamais eu peur de la surenchère concernant ses pochettes suggestives, les Ohio Players, formation extrêmement populaire durant les 70's, devraient combler vos attentes inassouvies. Flirtant dès le début de la décennie avec une imagerie SM, demoiselle en bikini en cuir et fouet à la main sur le bien nommé Pain en 1971 puis troquant cet ustensile capricieux pour des chaînes deux années plus tard sur Ecstasy, les pochettes des Ohio Players se résument avant tout par des pin-ups aux pauses aguichantes, fraichement vêtues et accompagnées ou non par la gent masculine. C'est ainsi qu'en 1979, les joueurs de l'Ohio font profiter à leur public d'un sympathique voire classique T-Shirt mouillé... un concours qui permet de faire le lien avec les fameuses soirées mousses auquel nous convient les britanniques d'Olympic Runners. Groupe funk en provenance de la Perfide Albion qui en 1978 souligna avec la pochette de son Puttin it on ya un choix qui désormais reste en suspens chez les amateurs de tartouillage corporel: crème fouettée ou crème à raser?

La prochaine fois, comme toute suite qui se respecte, nous verserons encore plus de sexe, de trash, de corps moites et de chair affriolante, bref ça va être torride.

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(1) Oui bon, y'a pas de raisons, je peux au moins une fois tirer la couverture et me faire mousser.

(2) Leader du groupe de rock Thin Lizzy pour les néophytes.

(3) On notera aussi la participation d'autres jazzmen de renom tels que Michael Brecker ou le jeune sideman de Miles, Kenny Garrett, et le saxophoniste funk par excellence, Maceo Parker.

(4) Quel nom... et pourquoi pas Loulou la tornade ou Riri la bourrasque pour les francophones... Hurricane Fifi est également le nom d'un cyclone tropical qui toucha principalement le Honduras en 1974 faisant entre 3 000 et 10 000 victimes, le choix du pseudonyme apparaissant dès lors plus de mauvais goût que ridicule... 

17 commentaires:

  1. Speed dit la midinette17/12/2009 22:58

    Y'a pas à tortiller... l'époque disco est vraiment dingue !

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  2. Et je peux t'assurer que la suite sera encore plus hot :-D
    J'ai fait chaste pour la première partie, autant dire qu'il n'y a aucune publicité mensongère dans mon accroche finale, va y avoir de la fesse ^^

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  3. speed dit la midinette17/12/2009 23:35

    Ouh là... ça promet ;)

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  4. Quand je vois ces pochettes, je me dis qu'à l'époque, ils savaient se faire plaisir (je parle pas comme un vieux con, là)

    Bon Michael Handerson, voilà, mais toutes ces donzelles court vêtues, my God...

    Et j'adore le "Your man is Home tonight"

    SysT

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  5. se faire plaisir, oui c'est le mot :-D

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  6. Ces pochettes sont toujours aussi hallucinantes ... Sacrée époque ! :)

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  7. Des fois les pochettes peuvent t'être un +... Surtout, quand l'album est nul.

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  8. @ Syco: Oui une époque bénie car libérée, sexy, provocante mais bon enfant dans l'ensemble.

    @ Jérémy: Forcément l'emballage peut aider l'album a se faire connaitre... maintenant entre promouvoir l'album à travers une image provocante et en vendre des caisses y'a une marge. Maintenant, la pochette, un arbre qui cherche à cacher la forêt? Sans aucun doute, la pochette étant une image, c'est sa vocation d'attirer l'œil et cela vaut pour tous les disques, bon ou mauvais.

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  9. J'aime tellement cette époque qu'à un moment donné, lorsque je jouais à "Vice City" (Note : Vice City est un jeu "GTA" où l'on a une liberté totale, et se déroule en Floride dans les années 80) je m'amusais à rouler des heures juste pour le plaisir d'écouter la radio dans la voiture brailler de la musique eighties complètement décalée (mode "c'était mieux avant" off).

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  10. Oui un peu de musique légère des 80's, ça fait toujours du bien, la nostalgie jouant son rôle perfide ^^

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  11. aujourd'hui avec le mp3, c'est plutôt "tu la sens, ma grosse clé usb?"

    c'est très différent

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  12. @ Arbobo: Oui, on en a vraiment perdu au niveau légèreté :-P

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  13. Voici de quoi fouiller pour nowel...
    http://lpcoverlover.com/

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  14. Mince alors, j'avais raté cette série sur les pochettes ! très pophiettes en tout cas. j'attends avec impatience la fournée 2010.

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  15. Steven François08/11/2016 14:54

    Bonjour, il est six ans plus tard, et je découvre sur tumblr une version alternative de la pochette avec Fifi et Brigitte, mais en encore plus troublant, parce qu'elle porte le logo de... AB Productions.
    http://retrospace.tumblr.com/image/151563471111
    Les références les plus disparates se télescopent comme les jets saccadés et bouillonnants de deux lances à incendie déchaînées.

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    1. Bien vu ! Il s'agit d'une des premières éditions du Label créé par le duo Azoulay / Berda. AB sortira plusieurs singles de Fifi en sus de son album.
      En fait AB avait les droits pour la France d'où le logo et les multiples versions que l'on peut trouver. La version que j'ai trouvé doit donc provenir de l'étranger :)
      https://www.discogs.com/fr/master/view/162978

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