Bloodrayne - Uwe Boll (2005)

Pour reprendre le titre d'une des chansons les plus célèbres du fameux sétois moustachu, il serait bon de temps à autre de pointer du doigt quelques préjugés qui collent à la peau de certains de nos contemporains. Uwe Boll est-il le plus mauvais réalisateur en circulation, sinon le plus détestable ?

Il faut rappeler pour les moins geeks d'entre vous que ce metteur en scène allemand s'est fait la spécialité de ne tourner pratiquement que des adaptations de jeux vidéos plus ou moins célèbres. Or le résultat étant pudiquement raté à chaque nouvelle fournée, notre bon Uwe, en plus de faire partie désormais des têtes de turc favorites du geek lambda, se voit ainsi traîner cette sale réputation de margoulin cynique juste bon à tourner tout, et n'importe comment ; toute franchise étant pour lui potentiellement intéressante et suffisamment populaire pour ramener du spectateurs naïfs en salle de projection et donc remplir son porte-monnaie. A cela vous pouvez ajouter une attitude, une modestie et un amour des critiques inversement proportionnels au PIB de l'Abkhazie. Quand un réalisateur ancien boxeur de son état en vient à défier physiquement ses contradicteurs autour d'un match de boxe, démontrant par A+B que la meilleure rhétorique est celle du poing dans la gueule, on en viendrait presque à regretter la posture de certains de nos compatriotes qui ont un goût démesuré pour leur propre victimisation (Patrice Leconte dit "l'homme blessé" étant l'un des champions toutes catégories).

Après cette brève présentation du personnage (on pourrait aussi accentuer l'aspect financier de ses productions, le fait que ses films ne rentrent pratiquement jamais dans leurs frais et que ces derniers aient le soutien de l'Etat allemand...), une question nous traverse l'esprit : "oui mais pourquoi tant de haine?". Certes, le CV de notre fier et ombrageux germain peut difficilement prétendre à défendre sa cause : House of the Dead (2003), Alone in the Dark (2005) ou le film qui nous intéresse BloodRayne (2005), soit une très belle trilogie qui associe bon goût, efficacité et rentabilité. Pourtant, loin de vouloir plaider sa cause, mais si quelque chose dessert les films d'Uwe Boll, c'est avant tout l'attitude et les méthodes de cet omnipotent metteur en scène-scénariste-producteur à l’ego d'un fort beau gabarit. Que celui qui a déjà subi les réalisations d'un Paul W.S. Anderson me jette la première pierre !? Besoin d'un léger rafraîchissement ? Nous devons à ce cher Paulo des œuvres aussi intemporelles telles que Mortal Kombat, Resident Evil 1, 2 & 3 ou Alien VS Predator...

Qu'attendre de BloodRayne me direz-vous ? N'étant pas un spécialiste en matière de gameplay, j'avoue que le jeu vidéo dont est tiré ce long métrage m'est totalement inconnu. Pour ma part, le seul jeu vidéo connu ayant pour héros un tueur de vampire se prénomme Castlevania. Les scénarios de film provenant d'un jeu vidéo n'étant pas réputés pour leur complexité, on pourrait émettre tout de suite quelques réserves. Or Bloodrayne étant un film de genre, nous n'attendions pas non plus une intrigue échevelée, on ira même jusqu'à prononcer que l'histoire est certes basique, mais qu'en matière de chasse aux vampires, nous avons connu pire.

Nous voici en Roumanie au 18ème siècle, où nous suivons l'histoire de la jeune Rayne qui a la particularité d'être à la fois mi-femme mi-vampire (soit une dhampir si l'on en croit les milieux érudits qui ont planché sur la question), fruit du viol de sa génitrice par un croqueur de jugulaire et buveur de sang de son état prénommé Kagan (Blade vous avez dit Blade ?). Après avoir goûtée pendant un temps les joies de l'exhibitionnisme dans le milieu du cirque, notre héroïne s'échappe et décide de s'occuper de la question vampire (soit boire le sang des vampires et exterminer ces nuisibles créatures). Parallèlement à cette quête, deux chasseurs de vampires appartenant à la société secrète, Brimstone Society, suivent les pas de la demoiselle et s'allient avec elle pour empêcher Kagan d'obtenir les trois reliques légendaires qui permettraient aux vampires de dominer la Terre.

Pour l'instant vous avouerez que l'histoire colle assez avec le cahier des charges de toute bonne série B fantastique, l'originalité en moins. Mais vous pouvez compter sur la patte d'Uwe Boll pour plomber ce qui pouvait encore l'être. Premier point, et non des moindre, la capacité de Boll à obtenir un casting hétérogène, comprenant des acteurs perdus pour la cause depuis pas mal de temps( ou en devenir), et des acteurs venant tout simplement cachetonner pour la forme (appelés pudiquement des guests de "luxe"). Dans la première catégorie, Bloodrayne tient le haut du panier grâce à la performance tout en mollesse de Michael Madsen, œil vitreux et fatigué, bouche pâteuse, hommage déguisé à Christopher Mitchum. Dans la catégorie en devenir, on appréciera aussi le jeu tout en nuance de Michelle Rodriguez, plus crédible en zonarde qu'en jeune aristocrate (notez qu'elle se sent aussi concernée par son rôle que Madsen, ceci expliquant cela). Et puis dans ton bon film qui se respecte, il nous faut un couple de "jeunes" premiers, joués par les sémillants Kristanna Loken (Rayne) et Matthew Davis, qui à défaut de manquer de motivations comme leurs précédents collègues, sont totalement à côté de la plaque, dont une mention spéciale pour LA pseudo scène de sexe, aussi émoustillante qu'une tranche de foie de veau mais au quotient nanar non négligeable. Pour finir avec ce casting de haute volée, Bloodrayne compte aussi nombre d'acteurs venus cachetonner sans vergogne, du goguenard Meat Loaf, aux acteurs de prestige tels Géraldine Chaplin en diseuse de bonne aventure ou Ben Kingsley (Kagan), jusqu'aux je-m’en-foutistes de première catégorie : un Udo Kier toujours dans les bons coups, un Billy Zane attendant son chèque ou un Michael Paré qui décidément se donne beaucoup de mal pour obtenir une très belle filmographie nanar.

Un casting inspiré c'est bien, mais si le reste de la mise en scène est à l'avenant me direz vous. Bref, n'en rajoutez plus ! Et notre Uwe Boll se démène comme un beau diable avec une musique toute droite sortie d'un PC, et une mise en scène sans subtilité et délicieusement brouillonne. Uwe est-il donc le digne héritier d'Ed Wood ? Assurément non. Bloodrayne flirte plus du côté de la plante potagère que du mauvais film sympathique en étant paradoxalement sauvé par ses acteurs.

En conclusion, vivement le film Castlevania que devrait réaliser monsieur Paul W.S. Anderson (enfin fut un temps, c'était prévu, on croise les doigts... et on se pince le nez).




11 commentaires:

  1. Dis, t'as refait la tapisserie! Super la bannière!

    SysTooL

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  2. Oui j'ai refait la tapisserie il y a une semaine.
    Depuis le temps, il me semblait dommage tout de même de ne pas utiliser comme support une de mes nombreuses photos prises lors de mon périple hong-kongais (surtout que j'y fait référence dans le titre du blog donc bon, qqch manquait ;-))

    Content qu'elle te plaise cette bannière.

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  3. Ah là là... Bloodrayne. Découvert au détour d'une soirée nanar entre potes. Coincé entre "Undead or Alive" et un "Mégalodon 3 la revanche du requin tueur" ou une connerie comme ça.
    Une belle merde ce film, y a pas à dire.

    Tellement miteux, mais tellement drole à partir de la troisieme valisette de Kro... Ah, ca me rendrait presque nostalgique.

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  4. C'est vrai qu'il est miteux ce film... et je tiens encore à remercier la performance des acteurs!

    Sinon Guic' c'est pas pour faire mon chieur (en fait si donc :P), mais il est nul le titre du film "Mégalodon 3 la revanche du requin tueur". Nan mais c'est vrai quoi, la revanche pour un numéro 3! o_O C'est du n'importe quoi! D'après le cahier des charges la revanche doit correspondre à la suite première, soit le numéro 2!
    Pffff même si dans les films de dernière catégorie on ne suit plus ce genre de prérogatives... où va le monde!!!!

    ^^

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  5. Pour résumer ce film est dans la lignée des adaptations fantastiques de jeux vidéo tel que Street Fighter avec Mister Van Damme pour n'en citer qu'un. C'est dire ! lol.

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  6. ouais y'a un peu de ça, ceci dit le budget de "Street Fighter" devait être supérieur... enfin j'espère dans un sens ^^

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  7. Je trouve que Uwe est quand même "pire" que Anderson mais c'est complètement subjectif :)

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  8. @ Syco: écoute j'ai envie de ressortir le même argument que précédemment, le budget des films d'Anderson n'est sans doute pas le même, ce dernier arrive encore à avoir le soutien des studios, alors que Boll... enfin ce n'est pas ceci qui rendra Uwe plus sympathique :s
    Sans compter que les films d'Uwe sont aussi distribué de manière artisanale, souvent des direct to video... alors qu'Anderson... bonjour le tapage médiatique.

    Et puis avec Anderson, on joue à fond la carte de l'épat', ça bouge dans tous les sens, bref les travers d'une réalisation épileptique (style MTV comme on dit).

    Au final, chez Uwe on est entre le navet et le petit nanar alors que selon moi, chez Anderson on baigne en plein navet, résister à "Resident Evil" est une aventure périlleuse (beurk). Tu me diras "Alien VS Predator" et la nana en débardeur en pleine nuit en Antarctique c'est aussi nanar :D

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  9. Désolé mais c'est quand meme plus classe que "Anaconda 3: A la poursuite de l'orchidée de sang"...

    Sinon concernant les adaptations de Jeux vidéos en films, le top du top a été le tout premier: Super Mario, quelqu'un s'en souvient de cette merde?
    Et Mortal Kombat aussi avait été adapté, d'ailleurs.

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  10. mais il est très bien ce titre "A la poursuite de l'orchidée de sang"! ça tape, pas pompeux, on en fait pas des caisses. C'est aussi bien qu'une chanson de Queen ou de Toto! (ouais sympa la comparaison je sais ^^)

    Rah le "Super Mario", je l'ai vu y'a très longtemps à la tv (y'a 13 ans on va dire), et c'est vrai qu'il mériterait d'être revu! Un Dennis Hopper venu pour son chèque en roi Koopa... la grande classe!

    En ce qui concerne "Mortal Kombat"... que dire... si y'a la participation de notre Totophe national qui fait joujou avec des éclairs. Et après des mauvaises langues nous diront que Lambert n'est pas une lumière (hum hum hum...). Enfin heureusement pour nous (?), il s'est rattrapé par la suite "Fortress 2", "Beowulf"...

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