New-York Noise: Big Apple sound 1978-1983

Loin d'être un fan des compilations (faut dire que ces dernières servent surtout de passe-plats, les majors les utilisant pour nous refourguer leur camelote pas fraîche...), on pourrait de prime abord commencer à émettre quelques réticences sur la dite compil, pourtant même avant de jeter une oreille sur le contenu, le mélomane curieux à la lecture des informations qui circulent autour du disque devrait commencer à avoir les yeux qui pétillent. Ainsi, le titre de cette compilation qui annonce déjà du lourd s'il on en croit la pochette: New York Noise: Dance Music from the New York Underground 1978-1983, compil ne provenant non pas d'une major mais d'un "petit" label Soul Jazz records, dont l'un des spécialités est justement de rééditer via des compilations des chansons disparues faisant parties d'un patrimoine musical plus ou moins underground (dub, post-punk, jungle, etc...).

Le propos de New York Noise (accrocheur comme patronyme, n'est ce pas?) est ainsi de nous présenter un panel des groupes obscurs officiant dans un mélange de genres des plus savoureux : NYC punk, funk, no wave, disco underground, post punk et autres courants expérimentaux.

Parmi les artistes redécouverts, le disque s'ouvre par le morceau Optimo des Liquid Liquid, qui officièrent de 1980 à 1983 dans un post punk groovy influencé par le dub et le funk. Et ma foi, le fan des Talking Heads devrait retrouver ses petits à l'écoute du bébé, une basse qui ne tient pas en place et des rythmes dansants rappelant les préférences world du David Byrne band. L'apparenté avec les géniteurs d'I Zimbra continue de plus belle avec le Baby Dee de Konk et sa géniale section de cuivres (de toute façon avant l'écoute du disque on savait l'importance des "têtes parlantes" sur la scène new yorkaise, mais la, ça en devient bluffant, comme sur Do dada de The Dance), un pont entre l'afro beat (Felaaaaaaaaaaaaaaaa!), le hip-hop, le funk et le post punk. A noter que la compil fait les choses bien puisque autour des deux groupes cités plus haut, gravitaient souvent les ESG ou Bush Tetras, et justement ils y sont! Les Bush Tetras nous proposant un rock dansant (plus j'écoute New York Noise et plus je repense au buzz des dernières années concernant les groupes de New York justement officiant dans le registre d'un rock dansant, je pouffe...) tandis que ESG sont surtout connus pour avoir été samplés par Big Daddy Kane, les Beastie Boys, Jay Dee ou Gang Starr (ah ouais quand même!).

Puis vient le premier All Star band on serait tenter de lancer, à savoir Material avec rien que moins Bill Laswell à la basse et Robert Quine à la guitare (toujours dans les bons coups celui là) pour un Reduction qui montre qu'un morceau peut être très bien à la fois funky et abstrait (une sorte de My Life in the Bush of Ghosts mais funk donc). Puis vient sur sa lancer un autre combo mené par un musicien loin d'être inconnu, DNA d'Arto Lindsay pour un 5:30 court mais dissonant annonçant par la même occasion la future trilogie des 80's de Sonic Youth, ce que va confirmer la 9ème piste Lesson No.1 for Electric Guitar de Glenn Branca (Thurston Moore et Lee Ronado ayant collaborés lors de leurs jeunes années avec le compositeur d'avant-garde), qu'on croirait tout droit sorti d'un Daydream Nation!

Histoire de ne pas oublier que New York est la ville qui nous offrit le mouvement hip-hop, le 7ème morceau nous gratifie d'un bon vieux rap old school (Sugarhill Gang and co...) Beat Bop emmené par Rammelzee et K.Rob, chanson inclue dans le documentaire culte de la culture hip-hop, Style Wars de 1983. Bref 10 minutes qui permettent aussi de constater que les Beastie Boys ont du être suffisamment bercés par ce morceau pour en reprendre certains gimmicks vocaux.

Parmi les autres artistes présents sur cette joyeuse compilation, on retiendra aussi Clean On Your Bean #1 de Dinosaur L alias Arthur Russel et la chanson clôturant le disque et qui donne son nom au groupe : Defunkt. Russel ayant la particularité d'avoir été compositeur et violoncelliste, d'avoir collaboré avec Philipp Glass ou David Byrne et par conséquent d'être aussi à l'aise dans les musiques dites populaires ou bien plus élitistes. De ce fait, Clean On Your Bean #1 nous convie à une musique qu'on pourrait toujours située dans le sillage d'un post punk mais très connoté funky le tout saupoudré de rythmes latins. Quant à Defunkt, groupe mené par Joseph Bowie, la chanson éponyme représente l'archétype d'un funk raide, bref collant parfaitement avec l'atmosphère dégagée par les groupes précédents.

Au final, une compilation qui est certes loin d'être indispensable mais qui devrait intéresser tous les aficionados de la musique new yorkaise de cette période et les curieux en général.



Extrait d'un concert de Defunkt jouant le morceau Avoid the Funk datant de 1981 live au Berlin Jazz festival

2 commentaires:

  1. Ouais, j'ai l'impression qu'elle peut être pas mal pour les novices comme moi non ? Je vais aller la trouver de ce pas : )

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  2. bah vi bien sur! C'est pas que pour les inities! :)

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