Les promesses de l'ombre - David Cronenberg (2007)

Aujourd'hui sort dans les salles obscures le dernier long métrage du canadien David Cronenberg. Pour le cinéphile averti ou pire l'admirateur du réalisateur de The Brood ou Crash, cette seule phrase devrait suffire, nul besoin d'argumentation en fait, l'homme a rarement déçu, fidèle à ses principes cinématographiques, dès lors juste de savoir que Cronenberg nous propose une nouvelle offrande, devrait étancher la soif de sang de frais de toute personne avide de sensations brutes... Ceci dit, je m'en vais développer un peu plus mon propos pour les quelques néophytes qui errent sur ce blog... quelle bonté, n'est ce pas (remarquez dans le cas présent, pas sur que ce soit moi qui fasse preuve de bonté, mais plutôt ceux qui perdent leur temps à lire ce torchon...bref...).

Si Alzheimer ne vous a pas encore planté une paille dans le cerveau pour vous aspirer la mémoire qui est la votre, vous devriez vous souvenir qu'il y a quelque temps je me suis évertué à vous faire la publicité du premier film de James Gray, à savoir Little Odessa. Or justement, le dernier Cronenberg a pour sujet la mafia russe, mais cette fois ci non pas celle exilée à NYC, celle installée à Londres, dans les beaux quartiers qui plus est.

Ainsi Tonton David nous narre un joli conte de fin d'année, celle de la naissance d'un bébé le soir de Noël...  la jeune mère de 14 ans mourant en couches. La sage-femme (Naomi Watts) en récupérant le journal intime de la jeune fille décide de retrouver la famille du nouveau-né. Manque de bol me direz vous, le carnet est écrit en russe (ouf, notre héroïne est d'origine russe), et avec l'aide de son oncle celle-ci découvre que le propriétaire d'un luxueux restaurant, le Trans-Siberian, serait mêlé à cette affaire. Or le brave entrepreneur Semyon (Armin Mueller-Stahl) et son psychopathe de fils Kirill (Vincent Cassel) sont à la tête d'une famille d'affranchis. Nikolai le chauffeur, comprendre l'homme de mains (Viggo Mortensen), se doit t'intervenir, avec pour mission de récupérer le dit journal, ultime preuve de l'implication du boss dans cette sombre affaire de viol...

Deuxième collaboration entre Cronenberg et Mortensen, et difficile de ne pas constater que le réalisateur canadien a trouvé un allier au service des thématiques chères à l'auteur. Tout comme dans le précédent film, A history of violence, Mortensen dégage une animalité profonde, une réelle puissance mais cache aussi son jeu, un rôle qui fait la part belle à la composition d'une personnalité complexe. On retiendra forcément l'une des scènes qui restera sans doute dans les annales du cinéma dans les années à venir, celle où Nikolai se bat nu dans un hammam contre deux assaillants, et pourtant ce serait réduire la performance de Mortensen et le style cru de Cronenberg. La scène où Nikolai est intronisé dans sa nouvelle famille est tout aussi importante, à savoir renier sa famille de chair, scène toute aussi violente que la précédente finalement.

Cronenberg tisse ainsi un thriller qu'on peut aisément qualifier de dostoievskiens tout en gardant sa vision crue du monde, de l'être humain (physique et psychologique) ou de la violence. Et le happy end du film cache au final bien des choses (voir le dernier plan du long-métrage)...

9 commentaires:

  1. J'espère que ce long métrage est meilleur que "A history of violence", qui m'avait un poil déçu. Pas assez complexe à mes yeux.

    Vlad

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  2. Salut!

    Alors je suis heureux d'inaugurer mon premier post en acclamant haut et fort que je suis justement un fan inconditionnel de Cro (son nom intime, rien d'alcoolisé) et je serai ravi de venir en rediscuter dès que je l'aurai vu !

    Son dernier History of Violence était plutot épuré du côté du "trash corporel" (sa spécialité, dont le paroxysme fut "La Mouche") mais a glissé vers une violence plus psycho-généalogique... et vraiment profonde. Bref, on en reparlera :)

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  3. bah pour ma part, si vous avez aimé "history of violence", vous devriez aimer "les promesses de l'ombre"... on reste dans une certaine continuité... maintenant le rapport au corps, aux difformités et autres, on le retrouve mais c'est plus implicite, avec cette fois ci les tatouages.
    bref, on reste dans l'épure comme dirais dr Naudinos, mais une épure made in Cro :p

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  4. Salut Doc !

    Grand fan de Cronenberg devant l'éternel, j'étais honteusement passé à côté de cette sortie, il faut dire que je ne lis plus tellement la presse ciné :-(

    Je vais bien entendu y courir, et je suis particulièrement d'accord avec toi sur le côté "implicite" de la chose...dans "Spider" ou "HOV", il m'a semblé que Cronenberg était tout aussi subversif que par le passé, simplement le talent a mûri et il n'a plus besoin de souligner les trucs pour les faire ressentir au spectateur. Ce qui évite au passage certains effets spéciaux prompt à vieillir précocément (ma dernière projection de "Videodrome" m'a fait mal coeur tant esthétiquement ç'a veilli, alors que le propos est toujours autant d'actualité).

    A plus, c'est toujours un plaisir de te lire !

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  5. "La mouche" n'est rien en comparaison à "Crash" concernant les obsessions cronenbergiennes!! Enfin, pour moi on ne peut pas aller plus loin que ce dernier.
    "AHOV" était pour moi très superficiel dans la personnalité des personnages (contrairement à "Spider" qui est particulièrement brillant dans ce domaine). Un peu comme un sous-Cronenberg, le sentiment de voir un grand film mais pas à la hauteur des capacités de ce réalisateur d'exception.

    Vlad

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  6. Bon alors je vais aller le voir ce film, je ne suis pas un fan de Cronenberg, je suis même plutôt ignard à ce sujet, car si j'ai vu un ou plusieurs de ses films, c'est à mon insu ... ce sera donc le premier film de lui que j'irais voir en disant "ce soir je vais voir un film de David Cronenberg ... hé ouais les mecs" en tout cas passe le message à ton voisin ... je cite tonton David car il est évoqué dans ce post : )

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  7. énooooooooorme Jojo la vinasse, "chacun son route, chacun son chemin" :p

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  8. ouais !!! chantons ! :° "et je suis sur sur qu'on nous prend pour des cons mais j'en suis certain quelquechose ne tourne pas rond" : )

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  9. J'adore les film de Croneneberg ! Donc j'irais le voir les yeus fermés^^. Le meilleur reste pour moi "Videodrome", un oeuvre post-punk.

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