Bill Withers: le Brassens de la Soul

Ouais bon, sous ce titre certes un peu raccoleur (ceci dit je vous expliquerai le pourquoi du comment), aujourd'hui mercredi, encore de la black music... mais pas du metal, de la soul, mouaaaaaarffff...

La première chose qui marque à l'écoute de ce grand monsieur, c'est l'humilité de l'artiste, tout en retenu, musique intime qui colle grandement avec le personnage. Faut dire, pouvait il en être autrement me direz vous? Car en matière de soul music, pour se démarquer les places sont chères! D'un côté vous avez les phénomènes tel que James Brown ou Otis Redding ou la grace androgyne d'un Marvin Gaye (merci au passage à celui qui m'a passé y'a pas si longtemps la vidéo de Marvin à Montreux en 1980). Bref, face à ça, m'étonne pas qu'un artiste comme Bill Withers ait pu faire son trou.

Alors avant d'être interrompu par moi-même, pourquoi divaguais je sur l'humilité du garçon? Et bien faut savoir qu'à la différence des autres, Bill fut bercé certes par la culture musicale afro-américaine, mais il ne fit pas parti de la grande famille du music-hall dès son plus jeune âge comme certains! C'est après 8 années dans la Navy, à 29 ans qu'il se destine véritablement à une carrière professionnelle. Encore que... il bosse le jour pour Boeing s'occupant de la tache au combien gratifiante de monter les sièges des toilettes pour les "navions"... Du coup, il travaille d'arrache pied la nuit pour composer et enregistrer des démos.

Finalement, Bill se fait remarquer en 1970 et signe avec Clarance Avant le boss du label Sussex à l'âge de 32 ans. Et dès le premier album, Just as I am sorti l'année suivante, on touche à quelque chose d'unique avec déjà son premier succès, le tube mélancolique et nostalgique Ain't no sunshine qui deviendra disque d'or et permis à Bill de remporter un Grammy Award dans la catégorie meilleur chanson R&B. Alors on pourrait penser que c'est le début du succès de Bill, et donc plus de soucis à se faire matériellement parlant et donc adieu Boeing... Que nenni, il ne lachera pas ce job tout de suite! Withers étant plutôt méfiant envers ce business, si ça rend pas encore plus sympathique le garçon, je comprend plus!

Alors sur ce premier essai, ce qu'on peut noter c'est déjà la maturité des compositions (vous me direz à l'âge où il a sorti l'album...). Alors certes, Bill n'a pas un organe à tomber raide, ni un jeu de scène tonitruant, mais il a une voix chaude et des plus sensuelles et comme pour sa musique, délivrée sans aucun artifice. L'originalité de ses chansons, enfin ce qui m'a aussi touché profondément, c'est la place prédominante de la guitare acoustique, instrument qui ne se trouve guère au centre des arrangements en général dans la soul music, le passé blues étant ainsi des plus présents. Ceci dit, ne vous attendez pas non plus à un aspect démo au niveau du son, ça reste excellemment produit, avec son lot de cordes pour vous tirer la chaire de poule.

En ce mercredi, un extrait donc du premier album de Bill Withers, nommé Hope She'll Be Happier au sujet au combien mélancolique avec encore un sujet de rupture au passage chez Bill, sa belle l'ayant quittée pour les bras d'un autre... Et en cadeau, la version live enregistrée au prestigieux Carnegie Hall le 6 Octobre 1972.

I can't believe that she don't want to see me,
We lived and loved with each other so long.
I never thought that she really would leave me,
But she's gone.

4 commentaires:

  1. Aaaah pile ce qu'il me fallait pour le soir ^^

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  2. S’il y a une vie avant la musique et si cette vie vous permet d’aimer la musique, Withers en est la preuve (en plus d’être une des nombreuses preuves de l’existence de Dieu, mais ça c’est une autre histoire…).

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  3. euh tu nous fais une crise mystique Aiwa Lustucru?

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  4. Pourquoi pas ? LOL C'est du second degré doc" !

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