Les enfants de MMM

En attendant vendredi, un petit post pour rendre hommage à un des albums les plus conspués de l’histoire du rock. Lequel me direz vous ? Et bien l’un des plus inaudibles et radicaux qui soit, Metal Machine Music de Mr Lou Reed en 1975. Après quelques bisbilles entre sa maison de disque de l’époque (RCA) et aussi envers ses fans, Lou va nous pondre le plus beau FUCK YOU qui soit.

Petit rappel des faits. Avec son deuxième album, Lou casse la baraque en 1972 avec l’un des meilleurs manifestes du glam rock, Transformer, produit par Bowie et Mick Ronson qui par la même occasion aident Reed à obtenir une reconnaissance qu’il recherchait depuis belle lurette. Après, tout enorgueilli qu’il est le garçon, il nous sort un véritable suicide commercial, un condensé de malaise nommé Berlin. Car hormis en UK où il sera classé numéro un, l’album est un bouillon, et donc forcément RCA l’a mauvaise… Du coup pour lui serrer la vis, Reed sort un album consensuel (et peu inspiré) Sally can’t dance et deux albums live issus de sa tournée Berlin.

Évidemment renversement de situation ; maintenant c’est Lou qui l’a mauvaise, la goutte d’eau étant le live appelé sobrement Live. Alors Lou va brancher son ampli, prépare son 4 pistes, et enregistre un double album de 64 minutes de saturations et autres bruits blancs. Et entre les morceaux pas de fondus, on reprend là où on avait terminé. Ce qui est marrant c’est que la pochette faisant penser à un live, les personnes n’ont pas fait attention et on acheté la chose, du coup, clients mécontents, remboursements, RCA ridiculisé…

Bon, déjà premier point, RCA n’avait pas écouté l’album avant de le publier ? Il ne pouvait pas le refuser ? Deuxième point, il est si affreux cet album ? Oui, assurément, c’est une expérience unique d’aller jusqu’au bout. D’ailleurs Reed ne s’en est jamais caché, lui n’a jamais écouté jusqu’au bout l’album, prétendant qu’il fallait être taré pour le faire. Et puis comme il le soulignait, de toute façon le but de ce disque n’est pas d’être écouté mais d’exister. Et il a raison le bougre.

Alors que vaut cet album ? On navigue entre l’esbroufe, l’arnaque ultime et le chef d’œuvre selon moi. Car oui, il s’est pas fait chier le père, mais dans le genre no compromise fuck you on trouve là un manifeste des musiques à venir, l’expérimental (indus, noise) ou le punk.

Donc j’en arrive à Godflesh après cette intro très longue mais ma foi indispensable pour comprendre le pourquoi du comment. Groupe formé par Justin Broderick, ex-guitariste de la première monture du groupe extrémiste punk Napalm Death (il enregistra seulement la face A de leur 1er album Scum) et Ben Green. En 1988 naît donc Godflesh (entre temps Justin fonda Head of David après le départ de Napalm), groupe qui à l’origine joue une espèce de hardcore lent avec boîte à rythme sur leur 1ère démo. Puis le groupe incorpora des éléments indus et les guitares se feront plus incisifs, pour finir finalement en métal industriel. Mais la particularité de ce groupe, en plus d’être anglais contrairement à Ministry ou NIN, est d’être plus froid, encore plus industriel, plus mécanique que les groupes cités plus haut. Et ces derniers se font un malin plaisir à jouer avec le bruit blanc dès leur 1er album Streetcleaner (on y vient…). Et la filiation avec MMM se fera encore plus évidente sur leur 2ème album Pure, avec le morceau qui le clôture Pure II. 20 minutes de saturations et de bruit blanc. Pour moi du bonheur, pour les autres sans doute une horreur. Pourtant contrairement à MMM, le morceau est mieux produit, plus contrôlé, on dira même plus présentable, enfin il me semble.

5 commentaires:

  1. J'adore ton côté maso!
    Là, c'est sûr Godflesh à la fête de l'Huma il faudra patienter quelque peu... Mais bon, c'est tout de même plus pêchu qu'une cure de Prozac non?

    Vlad

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  2. cela dit pour mon cote maso, j'accepte qu'un seul tortionnaire, et c'est moi
    on n'est toujours mieux servi que par soi-meme

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  3. Salut à toi donc au conte de l'auto-masochisme.

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  4. Je précise que le "conte" ce n'était pas moi, car j'ai toujours la délicatesse de signer! Mais qui est-ce alors?

    Effectivement le docteur, on n'est jamais mieux servi que par soi-même.

    Vlad

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